Édito de la Lettre de l’actualité européenne - mars 2017

60 ans après le Traité de Rome, l’Europe se cherche

, par Alain Réguillon

En ce mois de mars, nous fêtons le 60e anniversaire des Traités de Rome. Le plus connu est celui qui a donné naissance à la Communauté économique européenne (CEE) aujourd’hui devenue Union européenne. Mais il y avait un second traité, celui sur la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) appelé aussi EURATOM. Il ne s’agit pas de revenir sur ces traités et de les commenter, cela sera fait dans une lettre spécifique en fin de mois.

Mais, considérant une actualité fournie dont trois sujets sensibles seront évoqués dans cette lettre, il s’agit de se poser la question de savoir pourquoi nos concitoyens prennent autant de distance avec un projet qui a tant fait rêver des générations et qui nous était envié depuis l’Asie jusqu’à l’Amérique latine.

Un récent sondage indique que 38% d’Européens ont une image neutre de l’UE, 25% une image négative et 35% seulement une image positive. Cela fait plusieurs années que ce phénomène existe. Mais il semble offrir davantage de débats depuis le référendum négatif au Royaume-Uni et depuis l’élection de M. TRUMP.

Tout le monde s’interroge sur ce qui ne va pas et comment y remédier, mais aucune réflexion d’ensemble et coordonnée n’est engagée. Le Parlement vient d’adopter trois résolutions qui présentent des évolutions intéressantes, mais pas vraiment un projet d’avenir ; la Commission a écrit un livre blanc qui propose 4 scenarii ; et le Conseil européen réuni à Rome le 25 mars devrait adopter 5 résolutions donnant des pistes d’évolution. La Chancelière allemande, le Président français, le Président du Conseil italien et le Premier ministre espagnol, réunis en un mini sommet à Versailles, ont choisi le scénario d’une Europe à plusieurs vitesses, choix que l’on ne peut pas considérer comme révolutionnaire !

En France les piteuses élections présidentielles ne parlent pas pour l’instant du fond des projets présentés par les divers candidats et l’Europe n’y est citée que pour la dénoncer avec des idées fausses, voire des mensonges, ou pour la soutenir mais sans ferveur.

Le paradoxe réside dans un besoin de comprendre et de se projeter dans l’avenir et en même temps de ne s’occuper que de questions nationales, comme si c’était encore à ce niveau que se réglaient toutes les questions qui influent sur le quotidien des gens.

La fiscalité, le social, la lutte antiterroriste, la protection des frontières, l’indépendance énergétique, le développement du numérique, la recherche fondamentale et appliquée et le soutien à l’innovation pour ne prendre que quelques domaines sensibles, ne peuvent désormais dépendre que d’une coopération renforcée entre Européens. Dans ces domaines là, on ne peut aller au même rythme à 28, demain à 27. Il faut donc saluer le choix des 4 chefs d’Etat et de gouvernement fait à Versailles car c’est la bonne direction. Cela doit se faire en laissant la porte ouverte à ceux qui ne seraient pas dans les groupes pionniers.

La coopération structurée doit aussi s’appliquer à la défense. Là encore initiative heureuse des « quatre » Mais si l’on dit défense commune, il faut aussi dire diplomatie commune et Europe politique ! Nos gouvernants et nos législateurs européens et nationaux oseront-ils aller aussi loin ? Ce serait souhaitable si l’on veut une Europe puissance ! Mais… la voulons- nous ?

Lyon, le 7 mars 2017