Communiqué de Puissance Europe / Weltmacht Europa sur le sondage de Respondi (Extraits)

, par Bernard Barthalay

A la demande du réseau d’initiatives PUISSANCE EUROPE / WELTMACHT EUROPA (www.puissanceeurope.eu), un prestataire de panels on-line basé à Paris, RESPONDI (www.respondi.com), a réalisé en octobre, une étude d’opinion selon la méthode des quotas, sur un échantillon de 3.104 personnes, âgées de 18 à 64 ans, représentatif des populations allemande, française et italienne.

Une forte majorité relative de Français (44,5 %, et même absolue, 55 %, parmi les jeunes de 18 à 29 ans) et d’Italiens (42,1 %) appelle de ses voeux des États-Unis d’Europe, avec une vraie constitution, l’euro pour monnaie, une sécurité commune et une stratégie ambitieuse de développement durable. Les Allemands se déclarent très nettement moins favorables (22,5 %). En revanche, c’est en France qu’on trouve la plus forte proportion (24,8 %) de partisans d’un repli sur l’État national, de l’abandon de l’euro et de la fermeture des frontières. Les Allemands sont non seulement moins nombreux (14,0 %) à souhaiter ce repli, mais plus nombreux à envisager positivement un nouvel élargissement de l’Union européenne (UE) actuelle selon le Traité de Lisbonne (31,5 %, contre 8,7 % de Français et 17,7 % d’Italiens).

Tous comptes faits, il reste qu’entre 70 % (France) à 85 % (Italie) des Européens (favorables soit au statu quo, soit à une Europe plus large, soit à une Europe plus intégrée) sont hostiles à la division. Les Français, comme à l’habitude, sont plus radicaux dans leurs choix. C’est en France que l’Union européenne, telle qu’elle est, ou encore élargie, a la cote la plus faible (…).

Le résultat le plus significatif, c’est bien sûr l’étonnante résistance de l’option fédérale (États-Unis d’Europe), totalement absente ou presque du discours politique et du débat public, qui atteste l’existence, selon le pays, d’une forte minorité ou d’une majorité relative d’Européens qui comprennent le besoin d’une puissance publique européenne et n’ont ni doute ni hésitation sur l’objectif ou sur l’étape finale de la construction européenne, ou encore sur son urgence (il s’agissait de choisir l’option répondant le mieux aux attentes à cinq ou dix ans d’ici).

Contre l’évidence d’économies d’échelle et d’une simplification de l’action publique, de 55 à 80 % des Européens croient que la mutualisation des dépenses d’intérêt commun dans l’euro-groupe leur coûterait plus cher que le statu quo. On voit donc où les pouvoirs publics devraient faire porter l’effort pédagogique pour convaincre l’opinion de l’intérêt, de l’urgence et de la faisabilité d’une fédération budgétaire, préconisée par les plus éminents économistes. Encore faudrait-il que les gouvernements soient décidés à emprunter cette voie, au delà de la résolution des crises. De toutes les raisons avancées pour expliquer l’immobilisme gouvernemental, celle qui arrive en tête dans les trois pays (entre 25 et 40 %), c’est que les gouvernants ne veulent pas des États-Unis d’Europe parce que la désunion leur est plus favorable. Les Européens qui aspirent aux États-Unis d’Europe, seuls interrogés sur ce point, ne sont pas dupes. Ils ont compris que les dirigeants politiques et les grands media nationaux s’accrochent à leurs positions contre l’intérêt général des Européens.

Cette image de l’opinion étonnera, tant il est vrai que personne ne connaissait et ne connaît encore vraiment l’état de celle-ci sur la question de l’unité politique, jamais posée, et l’opinion sait pourquoi, à l’occasion des consultations électorales, ou par voie d’enquête. Consulté, Jacques-René Rabier, fondateur de l’Euro-baromètre, croit que « c’est peut-être la première fois que la question relative aux ’États-Unis d’Europe’ est posée », et le déplore.

Ce sondage place tous les Européens devant leurs responsabilités de citoyens, de militants, de responsables politiques, d’élus et de gouvernants.

Les grandes voix qui s’élèvent (Helmut Kohl, Jacques Delors) en faveur d’un retour aux fondamentaux de la construction européenne ont raison. Joschka Fischer a eu raison lui aussi d’appeler à « retrousser les manches » (Düsseldorf, 01/06/2010) pour constituer une majorité favorable aux États-Unis d’Europe : chaque Européen favorable à l’unité politique doit en convaincre, selon le pays, un ou deux autres. Guy Verhofstadt et Daniel Cohn-Bendit ont eu raison de commencer à dessiner les contours d’une avant-garde parlementaire avec le SpinelliGroup (…)

Les hommes et femmes politiques au pouvoir en Europe aujourd’hui persistent à entrer dans l’avenir à reculons. Celui, celle ou ceux qui se retourneront pour porter le rêve européen, et ceux-là seulement, resteront dans l’histoire comme des hommes ou des femmes d’État.