Éditorial

Des Roms au Peuple européen et au Peuple du monde…

Une fois n’est pas coutume…, mais nous devons commencer cet éditorial par remercier le Président de la République !
C’est en effet grâce aux déclarations détestables du Président français, instituant les Roms comme boucs émissaires de sa propre impuissance politique, que ce peuple « sans Etat et sans frontières » fait aujourd’hui l’objet d’un intérêt sans précédent. Les colonnes de ce numéro de Fédéchoses s’en font largement l’écho (voir notre Fed’Actualité, auquel ont participé aussi bien des militants que des experts que nous remercions tout particulièrement) tout à la fois pour une meilleure connaissance et défense du peuple rom, symbole du Peuple européen en gestation, mais également pour apporter des éléments fédéralistes d’analyse permettant, au-delà de ce cas particulier, si emblématique soit-il, de définir des solutions pour l’Europe (et pour le monde).

un même adversaire, l’Etat national…

Les attaques du gouvernement français, tournées également contre les Français d’origine étrangère, montrent à quel point l’idéologie de l’Etat national, qui passe en particulier par la diabolisation de l’étranger, de l’ennemi intérieur, reste un ressort puissant lorsque la politique s’avère incapable de résoudre les problèmes de la société. Cette idéologie de la glorification de la « Nation » qui a conduit il y a 70 ans L’Europe et le monde aux désastres qu’on connait, a toujours malheureusement cours.

La crise économique et financière mondiale de 2009, après l’échec en 2005 de la ratification du Traité constitutionnel européen (qui n’était pas parfait, loin s’en faut) et malgré l’adoption de l’insuffisant et moins démocratique Traité de Lisbonne (dans son contenu comme dans ses procédures d’élaboration et de ratification), ont abouti tout à la fois à :
un processus de sauve qui peut et de repli national généralisé des gouvernements européens, et,
un renforcement parallèle du fonctionnement intergouvernemental de l’Union européenne qui place en permanence le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernements au premier plan.

… une même exigence, la démocratie internationale, sur la voie de la Fédération européenne puis mondiale

Pour en revenir au peuple rom, la politique discriminatoire du gouvernement français, « des prises de position inconnues depuis Vichy » (comme l’a rappelé lé fédéraliste Stéphane Hessel dans L’Humanité du 5 août 2010), a suscité une réaction rapide, opportune et vigoureuse du Parlement européen puis de la Commission, montrant ainsi clairement que les institutions communautaires, au-delà des Etats-nations, jouaient pleinement leur rôle de défense des droits des citoyens européens. Certains, en particulier à gauche, qui pouvaient en douter l’ont du reste reconnu.

Dans ce contexte, la naissance le 15 septembre à Bruxelles, du Groupe Spinelli (auquel nous consacrons la plus grande partie de notre Focus) apporte une note d’espoir. Il reprend le flambeau de l’initiative d’Altiero Spinelli, tentative dès la première élection au suffrage universel du Parlement européen en 1979, à travers le Club du Crocodile, de créer une dynamique constituante. Constitué autour de parlementaires européens connus pour leur engagement fédéraliste mais également de personnalités politiques et de la société civile, avec l’appui et le plein engagement des organisations fédéralistes, le Groupe Spinelli pourra faire avancer la cause de la Fédération européenne… En attendant mieux !

Fédéchoses

Mots-clés