Strasbourg juin 2016 – Congrès de l’UEF Europe

« Les Fédéralistes n’abandonnent jamais »

, par Jo Leinen

Intervention de M. Jo Leinen. Député européen – Président du Mouvement européen international – Président honoraire de l’UEF. Traduit de l’anglais par Jean-Francis Billion - Paris

Les mères et les pères fondateurs de l’Union des fédéralistes Européens (UEF) avaient un rève : celui d’une Europe au sein de laquelle les gens pourraient vivre en paix, en liberté et dans le bien-être pour tous. En célébrant, ici, à Strasbourg le 70ème anniversaire de l’UEF nous allons réaliser la part de ce rêve européen qui a déjà été réalisée et ce qu’il reste à faire dans les prochaines années pour compléter notre projet.

Durant toutes ces décennies, le mouvement fédéraliste a été très efficace pour l’idée des Etats-Unis d’Europe. Nous avons été les architectes et les ingénieurs de la Maison commune européenne. Les fédéralistes sont les seuls qui aient un plan clair et solide de construction. Depuis le tout début il y a ceux qui ne veulent pas vivre dans cette Maison commune européenne et ceux qui veulent détruire ce qui a déjà été construit. Les fédéralistes combattront tous ceux qui mineront la coexistence pacifique en Europe. Nous ne serons jamais d’accord avec ceux qui attaqueront la liberté et la démocratie. Nous critiquons les politiques qui minent le bien-être de tous les citoyens en Europe.

Le mouvement fédéraliste s’efforce d’atteindre non seulement une Europe des Etats avec leurs gouvernements et leurs experts. Notre objectif est une Europe des citoyens : une union politique pas seulement un marché commun.

Durant les dernières 70 années nous avons connu diverses frustrations : le rejet de la Communauté politique européenne (CPE) par l’Assemblée nationale française en 1954 (en même temps que celui de la CED, Ndt), lee rejet de la proposition Spinelli en 1984 pour unee constitution européenne, et, dernièrement, le rejet du Traité constitutionnel lors des référendums en France et en Hollande en 2005.

Mais le mouvement fédéraliste n’a jamais abandonné. Je vous rappelle les campagnes depuis le début des années 1960 en faveur de l’élection directe du Parlement européen, les nombreuses activitéss dans les années 1980 en faveur de l’abolition des contrôles aux frontières, notre campagne pour une monnaie européenne commune depuis les années 1970 et, enfin, notre décision, au Congrès de vienne de 1997 de mobiliser pour une Constitution européenne. Il a parfois fallu de dix à trente ans pour que nos idées soient à l’agenda des décideurs.

Chers amis, 70 ans de vie de l’UEF nous enseignent une leçon. Nous sommes l’avant-garde d’une Europe unie. Nous devons penser en avance et agir de manière proactive. Nos bonnes idées sont réalisées dix à trente ans plus tard. Nous devons donc avoir l’énergie et l’originalité de penser au moins dix à quinze ans en avance. A quoi voulons-nous que ressemble l’Europe en 2020 ou en 2030 ? Tous les défis majeurs et les problèmes les plus importants de notre époque appellent à plus d’Europe. L’Union monétaire ne peut survivre sans une Union économique et fiscale. Notre liberté et nos valeurs ne peuvent être préservées sans une politique de sécurité et de défense commune. Les guerres et les crises multiples qui enserrent l’Union européenne demandent une politique commune de l’asile et des migrations.

Il est donc contraire au bon sens et tout autant anachronique que les populists et les nationalists rencontrent le succès avec leur demande de moins d’Europe ou même de détruire l’Union européenne. Le temps est venu pour le mouvement fédéraliste de reprendre le combat. « Assez c’est assez ! ».

Les fédéralistes devraient être plus visibles. Nous devons penser à des actions symboliques avec un fort effet sur les opinions publiques. Nos adhérents ont détruit des poteaux frontières dans les années 1950, ils ont coupé des barrières dans les années 1989/90, ils ont organisé des manifestations contre les Sommets de l’Union européenne. Les fédéralistes devraient à nouveau se battre dans les rues, sur les médias sociaux autant que dans l’arène politique. Le résultat du référendum britannique est l’occasion parfaite pour relancer un large débat autour de l’avenir de l’Europe. Nous devons sortir des tranchées nationales et organiser un discours transnational. Le temps est venu d’une troisième Convention. Tous les parlements, tous les gouvernements et toutes les institutionns de l’UE devraient réfléchir et décider sur les prochaines étapes de l’intégration. La nouvelle Convention doit être préparée par un engagement structuré de la société civile dans toute l’Europe. Je peux imaginer une Convention européenne de la jeunesse, une Convention des forces syndicales et des affaires, etc.

La troisième Convention devrait formuler une Loi fondamentale européenne et clarifier l’architecture de la future Union européenne, pour ceux qui veulent aller de l’avant avec une Union fédérale et ceux qui veulent être dans le deuxième cercle d’un Espace économique. Chers amis, d’ici les prochaines élections européennes de 2019, l’intelligence, la vision et l’engagement des fédéralistes sont nécessaires plus quee jamais. L’dée d’une Europe unie est trop précieuse pOur être laissée à des politiciens et à des forces politiques tiédes, indécises voire même hostiles. Nous n’abandonnons pas notre rève d’une Union européenne ou tous puissent vivre en paix, en liberté et dans le bien-être.

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