Éditorial

Une même stratégie pour les fédéralistes…
pour la Cour pénale internationale, l’UNPA, une Communauté globale du climat…

Nous publions plusieurs articles consacrés aux sommets internationaux sur l’environnement et le changement climatique. Mais nous n’avons pas pu remonter dans le temps comme nous l’aurions voulu et nous rappelons donc ici quelques faits marquants de la première Conférence de l’ONU sur l’environnement et le développement réunie en juin 1992 au Brésil, il y a près de 20 ans… Cinq documents majeurs y ont été adoptés dont la Déclaration de Rio (la Charte de la Terre) et l’Agenda 21 qui se proposait de fixer les lignes principales de l’ONU pour le siècle à venir tout en reconnaissant « la nécessité de réformes institutionnelles des Nations unies et d’actions basées sur le principe de l’universalité, de la démocratie et de la responsabilité ». Le Sommet de Rio reste la plus grande conférence diplomatique de l’histoire et l’une des plus importantes car pour la première fois la société civile mondiale, représentée par les ONG, était conviée à préparer et à participer à un Sommet de l’ONU. Les fédéralistes ont accompagné ce processus et continuent à le faire, tout en gardant sur les résultats de Rio un jugement globalement négatif, aucune de leurs propositions n’ayant été adoptée (création d’une Autorité mondiale de l’environnement, institution d’une taxe écologique mondiale, réformes de la gouvernance de l’ONU) ; ils ne pouvaient par contre que se réjouir que soit apparue au grand jour au côté des gouvernements les ONG de la mouvance pacifiste et écologiste préfigurant ainsi l’avant-garde de la société civile mondiale organisée. Dès juin 1995, le 2° Sommet de la Terre, tenu à New York sous forme de session générale de l’Assemblée générale de l’ONU, a déjà été beaucoup moins novateur même si la société civile restait mobilisée (elle l’est toujours). Et ainsi de suite, pourrions nous écrire…

Il n’empêche que c’est depuis Rio que le World Federalist Movement a pu avoir parfois un rôle de leadership parmi les ONG internationales pour avancer, pas à pas, vers la démocratie internationale et la Fédération mondiale. Il le fait en s’appuyant sur de larges coalitions d’ONG afin de soutenir certaines de ses propositions ; la Cour pénale internationale en est le meilleur exemple avec le résultat que l’on sait : la création de la CPI et pour le WFM, le secrétariat depuis deux décennies de la Coalition mondiale des ONG pour la CPI forte aujourd’hui de plus de 2500 membres et qui ne cesse de se renforcer. C’est la même stratégie que la Campagne pour l’Assemblée parlementaire des Nations unies (UNPA) applique avec succès sour la direction du Comité pour des Nations unies démocratiques (KDUN) de Francfort avec le soutien actif des fédéralistes.

… et pour la reprise du processus constituant européen en 2014…

Nous publions aussi plusieurs articles liés à l’Initiative citoyenne européenne (ICE), l’une des « niches » institutionnelles intéressantes et novatrices du Traité de Lisbonne. C’est sur proposition et sous la pression de membres fédéralistes de la « Convention Giscard » que l’ICE a vu le jour afin de permettre à 1 million de citoyens européens de demander à la Commission d’élaborer une directive sur un sujet pour lequel « des citoyens estiment qu’un acte législatif de l’Union est nécessaire dans l’objectif d’appliquer les Traités ». Face à l’apathie règnant trop souvent au Parlement européen (PE), et au choix des gouvernements de privilégier l’intergouvernementalisme, cache sexe des souverainetés nationales, l’ICE, outil de démocratie directe, peut permettre des avancées dans le sens de la construction d’une Europe fédérale. Ses modalités ont été adoptées par le PE, la Commission et le Conseil et doivent être transcrites par les administrations nationales d’ici avril 2012.

Les fédéralistes, et en premier lieu l’UEF Europe, la JEF et le Groupe Spinelli au sein du PE, doivent s’en saisir, avant que les adversaires de la construction européenne ne le fassent (!) et trouver un ou deux sujets pertinents et mobilisateurs… bien audelà de leurs rangs. La mise en oeuvre d’une ICE nécessite la création de vastes coalitions susceptibles de rassembler les organisations de la société civile favorables à une Europe fédérale permettant ainsi la construction d’un « Mouvement par le bas », à même de catalyser la volonté des citoyens européens de participer à l’avènement de la Fédération européenne. La signature d’Appels avec de nombreuses autres ONG va dans ce sens. Nous en publions un sur le Maghreb et les droits des migrants tout comme nous rappelons le rôle des fédéralistes dans l’élection au suffrage universel du PE.

Dans un deuxième temps, les fédéralistes devront exploiter ces mobilisations et ces contacts pour lancer la campagne des élections européennes de 2014 en demandant la convocation d’une assemblée/convention constituante composée de représentants élus par les citoyens (au niveau national et européen) ainsi que de représentants des gouvernements et de la Commission européenne, chargée d’élaborer une constitution fédérale ; ils devront aussi demander sa ratification par un referendum européen dans les pays ayant participé à sa rédaction, afin de dépasser le chantage aux vetos nationaux, et sa mise en application dans les pays l’ayant ratifiée dès qu’elle aura été ratifiée par une majorité qualifiée des Etats et des citoyens.

… Nous n’oublions pas le combat pour le fédéralisme interne

Fédéchoses qui, depuis sa fondation en 1974, milite pour la création d’une « force fédéraliste » comprenant tout à la fois les
fédéralistes mondiaux, les fédéralistes européens et les milieux autonomistes ou luttant pour une France fédérale… publie
également dans ce numéro deux articles pour rappeler que dans un pays qui se veut démocratique, des vestiges colonialistes
comme les institutions préfectorales (départementales ou régionales) n’ont plus de raison d’être et devraient être supprimées dans le cadre d’une réelle et progressiste réforme territoriale. Pas exactement celle adoptée récemment par la France
sarkozienne !

Gageons malheureusement que ce sujet ne sera surtout pas abordé durant la campagne présidentielle de 2012… ! Nous ne
l’abandonnerons pas et c’est ce qui justifie en particulier le coup de pouce financier que Presse fédéraliste vient d’apporter à la
publication d’un ouvrage sur la pensée politique de Robert Lafont et l’occitanisme politique.

Mots-clés