Après les résultats des élections européennes...

... contre l’europhobie et l’euroscepticisme, de l’ICE Newdeal4Europe... à la constituante.

Les résultats des élections européennes illustrent, une fois de plus, le caractère aigu de la crise de l’Etat national présente dans tous les pays de l’Union, même si, en France, elle revêt un caractère particulièrement dramatique à cause de la fossilisation de l’Etat par un centralisme désuet et stérilisant... sans parler de la présidentialisation de la vie politique par la Constitution de la V° République gaulliste aggravée encore par le quinquennat.

A travers l’abstention massive et le refuge dans le choix de formations populistes, de droite comme de gauche, les citoyens ont exprimé que, dans ce cadre, la démocratie avait perdu tout son sens. Malgré leur incapacité à régler les problèmes politiques, les Etats-nations, dont la France représente tout à la fois l’archétype et la caricature, continuent à s’arc-bouter sur leur souveraineté absolue, de plus en plus illusoire, et à refuser les transferts nécessaires, et limités, au niveau de l’Union pour que revive et se renforce la démocratie.

La disposition du Traité de Lisbonne établissant le lien entre l’élection européenne et la nomination du Président de la Commission a eu un aspect positif dans la campagne et permis d’infliger un camouflet aux tenants de l’intergouvernementalisme à tout crin. Cette réforme, en fait une révolution, reconnue et saluée comme telle par de nombreux organes de presse (Le Monde, Libération...) avait été réclamée par les fédéralistes dès les élections européennes de 2009, à travers leur campagne « choisissez votre candidat ». Il aura fallu cinq années et, fait trop rare, la fermeté du Parlement européen et l’unité des grands partis européens représentés en son sein (Parti populaire européen, Parti socialiste européen, Verts et Alliance libre européenne, Alliance des libéraux et démocrates européens et Gauche unie européenne) pour imposer au Conseil européen, le 27 juin, de respecter le choix des électeurs européens en nommant Jean-Claude Juncker à la Présidence de la nouvelle Commission européenne.

On doit légitimement s’en féliciter et y voir une avancée démocratique et une étape significative pour réduire le déficit démocratique de l’Union européenne, même si le britannique David Cameron et le Hongrois Viktor Orban ont dit tout haut ce que plusieurs autres Chefs d’Etat et de gouvernement pensaient, sans oser l’exprimer, de crainte d’affronter l’opinion publique (plutôt favorable au choix d’un Président de la Commission issu des urnes), mais surtout une fronde sans précédent du Parlement européen.

Mais cette victoire, comme toute victoire d’étape, reste fragile (Altiero Spinelli nous a appris que les fédéralistes pourraient perdre toutes les batailles intermédiaires mais devaient gagner la bataille finale) et nous devons inciter les parlementaires européens à pousser leur avantage en s’engageant rapidement dans un processus constituant.

Contre l’europhobie et l’euroscepticisme, de l’ICE « NewDeal4Europe »... à la constituante

La campagne pour l’Initiative citoyenne européenne, « New Deal 4 Europe », que nous soutenons depuis fin 2013, est la seule

réponse possible des fédéralistes et de la société civile européenne à la crise économique et sociale ainsi qu’ à la montée des partis europhobes et eurosceptiques et nous permet de trouver des soutiens croissants, au Parlement européen (dans les rangs des principaux groupes PPE, ALDE, S&D, Verts ALE et GUE) comme dans la société civile (l’une des principales confédérations syndicales françaises l’a ainsi incluse dans ses conclusions pour la récente Conférence sociale avec le gouvernement et le patronat !).

Du soutien intellectuel au soutien actif, il reste cependant un pas déterminant à franchir en convaincant nos soutiens et partenaires de changer de braquet ! Il est utile et sympathique que nos propositions se diffusent dans la société civile, comme dans la classe politique. On les retrouve même dans la bouche du Président Hollande ou du Premier Ministre italien Mateo Renzi ou au centre des discussions du Conseil européen sur la croissance et la mise en place de la prochaine Commission européenne...

Mais le temps passe et nous devons d’ici le 7 mars 2015 récolter un million de signatures dans l’Union européenne, dont 55.500 en France... Il faut donc que chacune et chacun se mobilise, signe l’ICE et la fasse signer !

Au-delà de demandes concrètes pour un plan européen extraordinaire de développement durable et pour la création d’emploi, indispensable pour relancer l’économie et la croissance et ainsi redonner confiance aux citoyens européens, et plus particulièrement aux jeunes et à ceux qui souffrent quotidiennement de la crise, l’ICE est aussi le moyen des fédéralistes pour construire progressivement le socle de la grande majorité constituante qui, demain, devra permettre d’effectuer le saut fédéral vers les Etats-Unis d’Europe (la bataille décisive dont parlait Spinelli et la seule que nous ne puissions envisager de perdre).

Alors que l’UE réduit son déficit démocratique...

la France va-t-elle une fois encore accoucher d’une régionalisation bidon ?

En France, le processus de regroupement de régions et de suppression à terme des Conseils généraux actuellement proposé atteint le niveau zéro d’une véritable décentralisation.

Le regroupement des régions ne tient aucun compte des notions culturelles, linguistiques, historiques, ni de l’avis des citoyens concernés. Comme si la taille des régions importait plus que leurs compétences et leur autonomie de financement et de gestion ! En revanche, le maintien des préfets, véritables gouverneurs coloniaux, avec une administration d’Etat omniprésente, signifie qu’en Europe, l’exception française du jacobinisme a malheureusement encore de beaux jours devant elle... et ne peut qu’aggraver la crise de la démocratie. Alors, pourtant, qu’il conviendrait d’urgence, par la décentralisation et l’autonomie régionale, de mettre en place les bases d’une société fédérale et d’une réelle réforme territoriale en voie vers le « fédéralisme interne ».

C’est là le second rempart fédéral de la démocratie indissociable de celui, la Fédération européenne, dont parlait notre ami Francesco Rossolillo.

Fédéchoses