Éditorial : Milan, 100 000 dans la rue pour l’union européenne

À Milan, le 30 Juin 1985, plus de 100 000 citoyens européens, militants fédéralistes venus de tous les horizons mais aussi militants de tous partis, syndicats, mouvements associatifs, ont réclamé l’Union européenne maintenant à l’occasion de la réunion du Sommet des chefs d’État et de gouvernement. Cette manifestation d’une ampleur sans précédent a démontré que le peuple européen était capable d’exprimer, y compris dans la rue, une volonté politique cohérente et que le projet de Traité d’Union européenne adopté par le Parlement européen bénéficiait d’un réel soutien populaire.

En cette rentrée ceux qui savent l’importance du progrès vers l’unification politique de l’Europe pour résoudre les problèmes concrets du jour tels que le chômage, le développement des technologies de pointe, la lutte contre les disparités régionales ne peuvent manquer d’être agacés par les péripéties qui ont auréolé l’Union. Je conteste la raison d’État qui dans une démocratie ne doit pas exister !" [1] disait François Mitterrand en 1979. Les récents développements de l’affaire Greenpeace montrent à l’évidence que dans un monde d’États souverains, que ce soit le gouvernement ou le régime, espérer se soustraire à la raison d’État est aussi vain que de vouloir échapper, en sautant du deuxième étage de la Tour Eiffel, à la loi de la gravitation universelle.

Durant les mois qui viennent, en France les médias vont être saturés par la préparation des élections législatives et les militants européens devront se garder de ne pas se perdre au jeu. En effet il ne faut pas perdre de vue que l’enjeu est ailleurs, dans la lutte pour le projet de Traité d’Union européenne. Rester dans le cadre de l’État-national aujourd’hui c’est jouer perdant. Les Socialistes, en France viennent, avec l’affaire Greenpeace, d’en faire l’amère expérience : dans un monde d’États souverains c’est toujours la raison d’État qui gagne.