Éditorial : France-Allemagne : la colonne vertébrale de l’Europe !

, par Alain Réguillon

En ce temps de commémoration de la paix retrouvée après l’horrible guerre de 1914-1918, j’ai été très heureux de lire le Carnet de Jacques JULLIARD dans le Figaro du 1 er octobre, car il défend l’idée d’une union « Françallemagne » pour sauver l’Europe. Ce n’est pas la première fois que nombre de commentateurs, d’intellectuels et de responsables politiques répètent que le duo franco-allemand est indispensable à l’Union européenne. Mais c’est la première fois qu’un intellectuel ose dire qu’il faut non plus un duo, mais une Union véritable entre ces deux pays.

Jacques JULLIARD plaide pour un gouvernement de l’Europe qui soit en capacité de faire front face aux États-Unis de TRUMP, à la Russie de POUTINE, à la Chine de XI. L’urgence aujourd’hui ce n’est pas de se quereller pour savoir si l’Union doit être fédérale, confédérale ou souverainiste ! (dixit Jacques JULLIARD). En effet, l’urgence est d’avoir une puissance qui réponde aux défis d’aujourd’hui dans un monde déstructuré et donc dangereux.

A 28 ou demain à 27, le nombre ne changera rien. Les différences économique, sociale, culturelle, historique et morale sont trop éloignées entre les pays qui composent l’Union. Quant aux valeurs de liberté, de solidarité, de dignité humaine, nous mesurons bien qu’elles ne sont pas interprétées de la même façon et que la solidarité n’est pas le principe le mieux partagé entre Européens trop imprégnés du libéralisme de marché que du bien être des peuples.

En 1842, Victor-HUGO écrit : « « l’alliance de la France et de l’Allemagne, c’est la constitution de l’Europe...La désunion de la France et de l’Allemagne, c’est la dislocation de l’Europe. » Que de malheurs auraient été évités s’il s’était alors trouvé des hommes en capacité de comprendre cette vision !

Aujourd’hui, cette vision doit devenir réalité. Rien ne se fera à 27 qui soit de nature à imposer un nouvel ordre mondial où le bien être des peuples l’emporterait sur celui du libéralisme économique et de la seule philosophie des échanges marchands, pour reprendre la définition de Jacques JULLIARD.

Si l’on veut sauver une construction européenne en danger, il n’est d’autres voies que celle d’une alliance entre deux pays qui, unis, constitueraient une puissance régionale significative. Sur le plan géostratégique, un gouvernement franco-germanique serait plus efficace et plus respecté qu’une Europe à 27 qui ne sera jamais une puissance politique, en l’état actuel de son fonctionnent et de ses choix.

L’Allemagne avec sa capacité économique, la France avec sa capacité militaire seraient, dans une alliance politique dotée d’une dimension diplomatique et de défense le renouveau d’une Europe qui resterait ouverte aux autres pays, pour peu que ceux-ci en acceptent les fondements sans aucune restriction. Bien sûr, quelques autres pays pourraient être associés à cet élan. Mais l’histoire de la construction européenne montre bien que dès que l’on est plusieurs à vouloir construire un édifice, celui-ci n’est pas des plus stables.Alors recommençons à deux, les autres suivront et viendront alors enrichir un socle solide. Les prochaines élections européennes doivent être l’occasion de lancer ce grand débat. Il ne sert à rien de savoir comment améliorer le fonctionnement actuel des institutions européennes, ni de savoir qui fait quoi entre l’Union et les États. Ce qui importe c’est de savoir comment l’Union européenne existe au sein d’un monde de plus en plus dominé par des puissances extérieures qui n’ont pour objectif que de s’imposer au détriment des autres.

De par leurs expériences, dramatiques, de par la réussite de leur réconciliation et de par leur caractère complémentaire et leur habitude de travailler ensemble, Français et Allemands ont le devoir de dépasser leurs relations actuelles et de se fondre en un seul et même pays selon une formule institutionnelle qui reste à inventer.

L’excellent discours prononcé par le Président de la République française le 11 novembre devant un parterre de plus de 70 chefs d’États et de gouvernement fut autant un appel à renforcer la paix, à se soucier des plus démunis qu’à se préserver du retour des nationalismes dont on oubli sans doute un peu trop vite qu’ils furent le moteur de la guerre. Le Président à dit : « le nationalisme ce n’est pas le patriotisme, c’est tout l’inverse ! ». cela doit être médité, répété et toujours affirmé. Lyon, le 12 novembre 2018