Lettre mensuelle d’actualité européenne - juillet 2017

Édito : l’Europe en deuil

, par Alain Réguillon

Les sujets européens sont tellement nombreux et diversifiés qu’il devient difficile de tout traiter dans une seule lettre. C’est pourquoi, après avoir consacré un numéro spécial à la politique européenne du nouveau Président de la République française en début de mois, il m’est apparu utile de la compléter par une seconde lettre qui se concentre sur deux rubriques : « De tout un peu » et « Chez nos partenaires ».

La première aborde des questions aussi diverses que les perturbateurs endocriniens et le diesel en Italie, en passant par les conséquences du BREXIT sur la pêche ou encore les idées reçues sur l’euro et la hausse des prix.

La seconde évoque les élections dans un certain nombre de pays, le changement de Premier Ministre en Irlande, le Danemark face au BREXIT et au blasphème ou encore la déstabilisation du gouvernement roumain.

Mais, je ne peux développer ces sujets, sans avoir une pensée pour les victimes des attentats de Londres et leurs familles. Ce nouvel épisode de la capacité meurtrière des criminels de DAESCH montre qu’aucun pays, aucune ville en Europe n’est à l’abri de telles folies. Après Manchester, les Britanniques sont durement éprouvés. Tout en respectant leur désir de sortir de l’Union, il faut espérer que, sur le dossier de la sécurité, ils sauront faire preuve de bon sens et continueront à travailler en étroite relation avec l’Union et ses pays membres. Je veux aussi avoir un mot pour nos amis portugais qui doivent faire face à une catastrophe naturelle qui frappe de nombreuses personnes. Après l’Italie et les tremblements de terre qui l’ont marquée, ce nouveau drame montre que l’on doit aussi se préoccuper du caprice des éléments. Il y a quelques années, Michel BARNIER avait rédigé un rapport pour l’organisation d’un service de sécurité civile à l’échelle de l’Union. Peu de chose ont été faite depuis ; il serait peut-être temps de rouvrir ce dossier !

Enfin, je ne peux clore cet éditorial sans rendre hommage à Helmut KOHL. Le Chancelier qui dirigea l’Allemagne de 1982 à 1998 est mort le vendredi 16 juin à l’âge de 87 ans. C’est un personnage dont on se souvient. De par sa carrure, de par sa longévité à la Chancellerie, pour la réunification de l’Allemagne, mais aussi pour cette complicité rare avec le Président François MITTERRAND. Après SCHUMAN et ADENAUER, ADENAUER et de GAULLE, SCHMIDT et GISCARD D’ESTAING, ce fut le dernier grand duo franco-allemand.

Je pourrai même ajouter qu’à partir de 1985, KOHL, MITTERRAND et DELORS furent le trio qui fit le plus avancer la construction européenne après la relance opérée par SCHMIDT et GISCARD entre 1974 et 1979. C’est à eux que l’on doit l’accord de libre circulation de SCHENGEN qui sera concrétisée en 1990 par une convention, la relance du marché intérieur de 1986, la monnaie unique décidée en 1989, le Traité de MAASTRICHT de 1992 avec le volet de la coopération policière et judiciaire et celui de la sécurité extérieure. La liste serait longue de ce qu’ils ont ensemble permis. Alors, à ce dernier « géant » de la construction européenne et de la réunification de son pays, nous devons rendre hommage en saluant la mémoire de ce « Bâtisseur d’Europe ». Nous ne pouvons pas non plus oublier jamais cette image forte de deux hommes qui avaient traversé la seconde guerre mondiale et qui, par ces deux mains unies dans un recueillement plein d’émotion, nous disaient combien la réconciliation était consommée et combien la paix était le bien le plus précieux des Européens. Au-delà de l’Europe, c’était aussi un message de paix lancé au monde entier.

Lyon, le 20 juin 2017

Alain REGUILLON

P.-S.

Crédit Photo : Parlement européen