Lettre mensuelle d’actualité européenne - mai 2017

Édito : les vrais patriotes sont européens

Le mois d’avril a été marqué par de nouveaux attentats en Suède, en France et en Egypte. Ce dernier pays n’est pas européen, alors pourquoi le citer ? Pour la simple raison que l’on ne peut faire de distinction entre les victimes du fanatisme derrière lequel se cachent des criminels. C’est donc à ces victimes et à leurs proches que je pense d’abord et pour qui j’ai aujourd’hui une pensée émue.

La caractéristique des ces divers attentats est qu’ils furent commis, tous, par des ressortissants suédois, français et égyptiens. Alors quand on entend dire qu’il suffit de fermer les frontières pour se protéger, cela est un mensonge éhonté. La lutte contre le terrorisme passe par plus de coopération, voire de fusion entre les services de renseignements, ceux de la police et ceux de la justice. Je le dis souvent et le réaffirme ici, la fermeture des frontières ne gênera que les honnêtes gens ; les malfrats et les criminels passeront toujours !

Les élections en France ont suscité beaucoup de commentaires dans nombre de pays, bien au-delà de l’Union européenne. Les résultats du premier tour ne sont pas de nature à rassurer nos partenaires, même s’ils ont, majoritairement, apprécié que M MACRON soit en tête. En Allemagne, les commentateurs considèrent le danger écarté. Cependant, ils soulignent la tâche immense qui attend le nouveau président qui ne doit pas retomber dans les travers des anciens gouvernants. Il lui faudra assumer la rupture qu’il a annoncée, d’abord par sa candidature, ensuite par sa campagne et les discours tenus. Thomas SCHMID de Die Welt n’hésite pas à comparer Emmanuel MACRON à Barak OBAMA.

Au Liban, l’Orient du jour considère que les Français ont clairement indiqué qu’ils ne souhaitent pas changer d’air, mais changer d’ère. Très confiant également dans la victoire de M MACRON, le journaliste écrit : « les Français ont montré qu’ils n’étaient ni des Américains ni des Britanniques. Ils ne sont pas uniquement râleurs et colériques, scotchés sur leur nombril, gentiment ou pas, racistes. Les Français sont rationnels. Les Français sont inventifs. Les français sont, aussi, des pionniers. »

En Suisse, en Belgique, à Singapour et en Pologne, les commentateurs sont moins confiants. Ils considèrent que la base de M MACRON est moins solide que celle de son adversaire et qu’une partie de l’électorat de M FILLON, comme celui de M MELANCHON pourraient se laisser tenter par le vote front national.

Aux États-Unis, le New York Times met en garde Emmanuel MACRON contre le risque d’arrogance et souligne qu’il ne s’agit pas d’attendre que son adversaire perde ; il lui faut avant tout gagner. Roger COHEN qui signe cet article dit : « L’union européenne peut survivre à un BREXIT, elle ne résisterait pas à un FREXIT. » Quant au quotidien espagnol El Mundo, il s’interroge sur la capacité d’Emmanuel MACRON à : « transmettre son enthousiasme réformiste, européiste et vital à tous ces Français qui pensent que le monde est contre eux et que la France est sur le déclin. ».

Au Royaume-Uni, la presse fait entendre une voix différente. La nouvelle d’un possible échec de la candidate frontiste est mal vécue. Le GUARDIAN dit que l’élection d’Emmanuel MACRON serait une triste nouvelle pour le gouvernement britannique ; the Spectator affirme que M MACRON s’il parle correctement l’Anglais n’est pas un ami ; bien d’autres journaux sont dans cette même veine de commentaires peu élogieux envers ce potentiel futur président français. Seul le Financial Times atténue le propos considérant que dès l’instant où le candidat n’aura plus à affronter le Front national, il se sentira plus à l’aise à l’idée d’être accommodant avec les Britanniques, maintien de liens diplomatiques et sécuritaires face au terrorisme oblige.

Il y aurait encore beaucoup à évoquer tant la presse étrangère suit avec passion et curiosité ces élections, dont tous les commentateurs s’entendent pour dire qu’elle est un tournant pour la France.

Toute cette campagne, de la part de la plupart des candidats, s’est faite sur la préférence française, sur le repli sur soi, sur le rejet de l’autre et sur le protectionnisme, comme si ce dernier pouvait être une solution au problème du chômage alors qu’un emploi sur trois dans le privé dépend des exportations !

Seuls MM MACRON, HAMON et, dans une moindre mesure, M FILLON ont soutenu la nécessaire ouverture de la France sur le monde et son indispensable ancrage dans l’Union européenne. Toutes les affirmations du repli sur soi l’ont été au nom du patriotisme. C’est la plus grande ânerie que l’on puisse entendre ; c’est la plus grande des mystifications. Un patriote c’est quelqu’un qui aime son pays jusqu’à y sacrifier sa vie. Les commémorations du 30 avril en mémoire des 5 millions de morts en déportation, dont nombre de patriotes, interdisent à une formation comme le Front national de se dire patriote, elle, l’héritière du régime de Vichy.

Pour son épanouissement, pour la prospérité de ses habitants, pour la sécurité de tous ses résidents, pour le développement de son économie et pour garantir son identité républicaine et sa culture, la France doit être parmi les premières en Europe, elle qui ne peut plus l’être dans le monde. C’est pourquoi j’ai la conviction profonde qu’être Patriote en ce siècle, c’est d’abord être européen !