Fédéchoses numéro 52 - 1986

ÉDITORIAL

Il s’agit de notre premier numéro depuis la disparition d’Altiero Spinelli ; nous revenons longuement, dans ces pages sur cet événement qui survient alors que le projet d’Union européenne élaboré par le Parlement européen, projet qui lui devait tant, pâtine depuis l’échec du Sommet de Luxembourg en décembre.

Il aura malheureusement fallu sa mort pour que la majorité de la classe politique et des médias l’élève au rang des pères de la construction européenne, d’Adenauer, d’Alcide de Gasperi, de Jean Monnet...

Plus que jamais nous devons être convaincus, comme il aimait à le rappeler et comme l’a souligné Libération que “la force d’une idée est de savoir ressusciter après de maintes défaites”.

La disparition de Spinelli n’a pas modifié nos tâches mais accru nos responsabilités.


Quelle est donc la situation actuelle ?

— Grâce à l’action des fédéralistes, le peuple européen, peut désormais, au travers des élections au suffrage universel direct du Parlement européen, participer à la construction de l’Europe ;

— Grâce à Spinelli et au Parlement européen, les gouvernements ne peuvent plus éluder la question de l’Union européenne.


Au sommet de Luxembourg (celui de La Haye n’ayant rien demandé de nouveau à part une nouvelle manipulation de la “force fédéraliste” dans les roues de la camionnette hollandaise), les fédéralistes ont perdu une bataille mais non la guerre. Ils ont tenu leurs positions et appelé le Parlement européen à assumer ses responsabilités. Cet appel a été entendu et le Parlement discute actuellement le Plan Spinelli (présenté dans notre dernier numéro) dont le dessin est d’obliger les gouvernements à lui confier, en vue de l’élection européenne de 1989, le mandat de rédiger la constitution de l’Union.

L’engagement et la responsabilité des fédéralistes sont donc d’assurer le succès de ce plan. Cela ne sera possible qu’au moyen d’une large mobilisation populaire nécessaire, dans un premier temps, à s’assurer que le Parlement européen approuve le Plan Spinelli et le fasse sans hésitations et sans faux-fuyants, et par la suite à peser de tout son poids sur les forces politiques et les gouvernements.

Il s’agit en substance de poursuivre sur la voie ouverte à l’occasion de la grandiose manifestation de Milan d’il y a un an qui avait amené les fédéralistes et l’ensemble des forces européistes, grâce à l’engagement des collectivités locales, à constituer dans de nombreuses villes italiennes les Comités pour l’Union européenne.

Il faut maintenant élargir cette initiative à tout le territoire de la Communauté.

Les Comités doivent réunir toutes les forces, culturelles, politiques, syndicales, associatives au sens le plus large, religieuses enfin qui se déclarent prêtes à se battre pour le pouvoir démocratique européen et il n’est que temps de les mettre en place et de définir leurs modalités d’action.

Fédéchoses.