Fédéchoses numéro 58 - 1987

Éditorial : Copenhague ou l’incohérence des chefs d’État et de gouvernement !

L’échec du Sommet de Copenhague mérite que l’on s’interroge sur le devenir de l’Europe, sans qu’il soit pour autant besoin de révéler sur les qualités et la capacité des peuples d’Europe à s’adapter aux mouvements du monde ; l’histoire en porte témoignage.

Alors, si les peuples ne peuvent être incriminés, vers qui doit-on se tourner ? Vers les politiques, les chefs d’entreprises, les syndicalistes, les intellectuels ? ...

Les décideurs économiques et sociaux ont leur part de responsabilité !
Les penseurs aussi ! Mais la responsabilité première incombe sans conteste aux hommes politiques.

Ils ne peuvent se prévaloir de guider les nations en restant confinés à l’intérieur de leurs seules frontières ; ils ne peuvent prétendre protéger la liberté et vouloir un marché intérieur européen en continuant le clientélisme et en protégeant le corporatisme.

La classe politique serait-elle dépassée ? Les gouvernements sont-ils plus assez jeunes pour aller de l’avant ou déjà trop vieux pour affronter l’avenir ?

On ne peut accepter que des préoccupations d’ordre catégoriel et d’intérêts immédiats ou à court terme hypothèquent l’avenir des jeunes générations !

L’imprévision de la classe politique dans les années 50 a conduit à mai 68 ; l’imprévision de la classe politique dans les années 60 et 70 a conduit à la fragilité d’un système économique générateur d’un taux de chômage inacceptable ; l’incorrection de la classe politique des années 80 conduira-t-elle au sous-développement de

L’Europe occidentale et à sa soumission aux "super puissances" qui s’entendent actuellement sur son dos ?

Réformer la Politique Agricole Commune et conforter le financement de la Communauté Européenne sont de bien petits problèmes qu’un peu de courage et d’intelligence auraient permis de régler à Copenhague.

Il est indispensable que tous les moyens soient donnés rapidement à la Commission Européenne pour accélérer le processus de réformes utiles à la réalisation du marché intérieur prévu pour le 31 décembre 1992, étape nécessaire vers l’Union Européenne.

Et parce que le seul organe institutionnel représentatif des peuples d’Europe est le Parlement européen, il est de sa responsabilité d’interpeller le Conseil européen et les Conseils des Ministres afin que dès le sommet du mois de février 1988, la Communauté européenne soit effectivement dominée moins de sa légitimité ambition.

Le Comité Pour l’Union européenne s’associe dès à présent à toutes les initiatives que prendra le Parlement Européen en vue de forcer l’inertie des États et de leurs gouvernants.

De notre détermination dépend la crédibilité de l’Europe qui demeure la seule espérance internationale garante de la démocratie pour elle-même et pour les nations les plus démunies.

Réussir l’Europe c’est garantir la paix, la solidarité et les libertés ; alors, ne ratons pas l’an 2000 !

Alain REGUILLON
(Président du Comité pour l’Union Européenne).