Groupe Europe de l’UEF - Bruxelles : Pour une fonction publique européenne

1) La crise financière qui ravage nos économies signe aussi la débâcle d’une idéologie politique à laquelle les institutions européennes ont adhéré avec zèle.

La génération de profits à court terme était érigée en moteur social principal sinon unique.

Dans ce climat, toute fonction publique permanente était envisagée comme un coût, son indépendance assimilée à un corporatisme inefficace et sa compétence niée ou considérée comme inutile.

2) La mise en place des conditions qui ont généré la crise a ainsi été favorisée par l’absence ou le non fonctionnement des institutions adéquates.
Le retour à l’équilibre économique ne peut au contraire être réalisé et maintenu qu’à travers la mise en œuvre de politiques publiques organisant le fonctionnement des marchés.

A cet égard, l’existence d’une fonction publique compétente, indépendante et permanente est indispensable.

3) Tenant son mandat de sa neutralité et de son expertise, le rôle spécifique de l’administration communautaire est de maintenir l’équilibre des intérêts économiques, politiques et sociaux dans l’Union européenne, en conformité avec les orientations des autorités politiques européennes.

Distincte du souverain démocratique situé au-dessus de la société et la définissant, ne se situant pas non plus au- dessous de celle-ci, comme l’humble servante à bon compte des intérêts privés dominants du jour , l’administration communautaire est donc un corps social indispensable.
Dans ces conditions, le développement d’une société européenne correspondant à ses espaces économique et politique ne peut pas aboutir sans un tel élément fédérateur.

Ces principes doivent être réaffirmés avec force par toutes les instances politiques concernées par la construction pacifique d’une Union européenne.

ARGUMENTAIRE

L’Europe aujourd’hui est une communauté de droit démocratique et un espace économique intégré comportant une union économique et monétaire, fondés sur une histoire commune, une civilisation spécifique et une identité culturelle englobant des cultures comparables.

C’est aussi une société avec des catégories sociales propres tenant en partie leur identité de l’Europe : en sont des exemples les opérateurs du marché européen, les participants aux politiques communes, les étudiants Erasmus, le personnel expatrié des entreprises européennes, les migrants et personnes immigrées, les fonctionnaires, tant européens que des Etats membres, et bien d’autres tous associés à la construction européenne.

Il y a ainsi une sociologie européenne, comme il y a une économie et une politique européennes. Ces groupes sociaux constituent les éléments fondateurs de l’existence de l’Europe aujourd’hui et un facteur dynamique d’intégration. C’est par eux que l’Europe est une « union étroite » de peuples et non une simple superstructure de réseaux d’intérêts divers.

Dans ce contexte d’une construction européenne entrant dans la maturité, il serait dangereux d’affaiblir la fonction publique au service des Institutions européennes. En effet cette fonction publique trouve son intérêt et son rôle spécifiques dans le maintien de l’équilibre général des intérêts légitimes au sein de l’espace européen tel que défini par les instances politiques.
Ce rôle essentiel ne peut être assuré par les participants aux activités intégrées elles-mêmes.

La crise actuelle a clairement montré l’impossibilité d’une auto régulation de la part des acteurs économiques. Il en va de même pour les fonctions publiques nationales ou d’éventuels administrateurs publics non professionnels issus du secteur privé ou des sphères nationales et ayant vocation à y développer la plus grande partie de leur vie active.