Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche constitue-t-il paradoxalement une chance pour l’intégration européenne ? C’est à cette question sempiternelle (car posée depuis 2016) que les fédéralistes européens sont confrontés. Le début du deuxième mandat du milliardaire américain tient malheureusement toutes ses promesses : saccage écologique et lubie extractiviste, attaques sans précédent contre la démocratie américaine, en premier lieu, et la séparation des pouvoirs, effet d’entraînement en faveur d’autres autocrates dans le monde, sacrifice de l’Ukraine face à la Russie…
La réélection de Donald Trump suscite des angoisses multiples, comme celle du Docteur Joseph Preston Baratta, historien américain du fédéralisme et ancien représentant auprès des Nations Unies à New York de la World Association of World Federalists (WAWF, aujourd’hui le WFM), que nous publions en partenariat avec la revue The Federalist Debate dirigée à Turin par Lucio Levi.

Face à l’homme le plus puissant du monde, l’Union européenne commence à comprendre que l’avenir se fera sans son allié traditionnel d’après-guerre, au grand dam des plus atlantistes. La Commission européenne a proposé dès le début du mois de mars un paquet de financements pour soutenir la défense européenne. Intitulé « ReArm Europe » (« réarmer l’Europe ») et longuement analysé dans notre revue par Jo Leinen, président honoraire de l’UEF Europe, ce plan d’action doit permettre une autonomisation stratégique de l’Union européenne. Cette initiative pourrait paraître très novatrice. Il n’en est pourtant rien : dès le début des années 1980, Altiero Spinelli rappelait l’impératif de construire une autonomie stratégique dans une archive étudiée par Hervé Moritz, président du Mouvement européen – France et spécialiste du Club du Crocodile. Pourtant ici, il ne faudrait pas oublier ou négliger la nécessité absolue d’une vraie politique étrangère commune construite et contrôlée démocratiquement, comme le rappelle la Vice-présidente du Mouvement européen International Monica Frassoni.
Au-delà du seul aspect de la défense européenne, le retour de Donald Trump inspire aussi un seul mot : chaos. Des contributions de Jean-Guy Giraud, Dominique Méda, du député européen Mounir Satouri, de Robert Belot, Domenec Ruiz Devesa sur divers angles nous montrent à quel point le monde actuel saute dans l’inconnu.
Dans d’autres sujets, Hervé Moritz revient notamment sur le Club du Crocodile entre 1980 et 1986, Francesca Tortorella sur la situation au Moyen-Orient, Pier Virgilio Dastoli sur la montée de l’extrême-droite en Autriche et « l’antidote » à apporter à la « dégénérescence nationaliste », Chantal Meloni sur la justice universelle, Céline Spector sur un nécessaire contrat social européen comme base au fédéralisme, Silvia Romano sur la figure de Franca Trentin, dans le cadre de sa chronique « Fédé’femmes ». Il serait ici impossible de résumer ici l’ensemble des contributions de nos rédactrices et rédacteurs, mais nous invitons bien sûr les lecteurs à s’y pencher et à en apprécier la lecture, malgré les sujets peu reluisants.