Editorial de Michel MORIN

Membre du Bureau européen de l’U.E.F.
U.E.F. Newsletter, juillet 2006 [1]

L’Université de Vienne a abrité pendant trois jours la 2ème Convention des citoyens européens et le XXIème Congrès supranational de l’U.E.F. dans de bonnes conditions de rencontre et de travail, grâce à l’engagement des responsables et des militants fédéralistes autrichiens. Qu’ils soient remerciés pour la qualité de leur réalisation. Merci également à l’équipe du Bureau à Bruxelles qui a mis à disposition les informations pratiques et politiques nécessaires au bon déroulement de ces événements, temps forts dans la vie de notre organisation supranationale.

Ce numéro de la Newsletter est consacré en grande partie aux contenus des travaux de la Convention et du Congrès. Cela permettra à chacun de faire siennes les perspectives et les conclusions qui ont été discutées et adoptées pour engager la nouvelle campagne fédéraliste.
Cet éditorial se veut un témoignage. Nouveau membre du Bureau européen, j’essaye de garder un œil neuf sur ce qui peut paraître banal et familier à des militants expérimentés.

A mon avis quand les citoyens européens et les militants fédéralistes débattent et réfléchissent ensemble, la démocratie progresse en Europe. Certes la construction de l’Union européenne avec ses contradictions et la marche vers l’Etat fédéral avec ses combats ne s’arrêtent pas aux portes d’un Congrès de l’U.E.F. Mais sans nombrilisme excessif et sans autosatisfaction exagérée, nous pouvons regarder nos travaux comme porteurs de valeurs et d’espoir pour les années à venir.

Tout d’abord une constante caractérise le Congrès. Toutes les orientations politiques font appel à l’expression des citoyens européens. Certains voulaient prioriser les ratifications du Traité constitutionnel européen (TCE), d’autres la mobilisation des citoyens des Etats les plus intégrés, d’autres un référendum radical. Une majorité s’est exprimée pour lutter pour un référendum européen en 2009, prolongeant la longue démarche engagée depuis la Convention jusqu’au processus de ratification du TCE dans tous les pays. Nous demeurons ainsi une organisation pour laquelle l’émergence de la citoyenneté européenne, le renforcement de la démocratie européenne sont des priorités fondamentales. Avec à l’horizon, le pouvoir constituant du Peuple européen, riche de ses diversités mais engagé dans le même modèle démocratique. Rien d’original pour nous, mais, vu de l’extérieur, cela fait des fédéralistes des « ultra-démocrates » de la construction européenne, point commun fort entre nous tous, au-delà de nos divergences stratégiques.

Dans les débats eux-mêmes, le congrès a consacré encore une fois la dimension supranationale de notre organisation : les idées, les stratégies, les débats, les alliances se nouent au-delà des appartenances nationales. La taille de chaque organisation membre joue bien sûr un rôle dans les rapports de force mais, à l’intérieur de chacune des représentations, les idées et les projets l’emportent sur les autres considérations.

Les réalités du monde extérieur ont traversé les murs de la vieille université pour influencer les réflexions et les choix stratégiques. Chacun sait bien maintenant que la complexité est une caractéristique essentielle de la construction de l’Union et de la voie vers l’Europe fédérale que nous souhaitons. Cela n’est pas nouveau. Ainsi l’importance des instances européennes oblige les fédéralistes à analyser sans cesse leur évolution et à tenir compte de leurs réalités, mais sans tomber dans le suivisme, ni des institutions européennes ni des politiques gouvernementales.

A l’opposé, le danger existe d’un enfermement dans un projet idéal qui pourrait être défini sans tenir compte de toutes les contingences.
La complexité s’est encore accrue au cours de ces dernières années du fait de l’élargissement de l’Union et de la ratification du TCE. Ces deux facteurs ont pesé, et pèseront encore longtemps, sur les débats et sur les choix stratégiques.

Après les discussions et les débats, une large majorité s’est finalement dégagée pour l’adoption du texte de politique générale et des autres motions. Cela montre que l’on peut concilier une perspective radicale et un engagement pour transformer les réalités.

L’histoire n’emprunte jamais tout à fait les chemins prévus. Celle de l’Europe pas plus qu’une autre et comme nous voulons tous aller vers l’Etat fédéral européen, nous pourrons nous unir pour faire face aux défis de demain.

Notes

[1Rappelons que Michel Morin est également membre du Comité directeur de l’UEF Rhône-Alpes, qu’il représente à la Commission nationale de l’UEF France, ainsi que de notre Comité de rédaction.