Relancer l’action constituante et réaffirmer les valeurs antifascistes du « fédéralisme de la Résistance »

Depuis le Congrès de Vienne de 1997, l’engagement stratégique des fédéralistes (JEF Europe et U.E.F.) a été focalisé sur la mise en place d’une véritable constitution européenne fédérale, revendication lancée dès avant le Discours de Joschka Fischer à l’Université Humbold de Berlin ; durant cette période, ils ont milité activement (pétitions, manifestations de rue ou publiques, actions de soutien aux initiatives de l’Intergroupe fédéraliste au sein du Parlement européen) pour que le texte adopté par la Convention pour l’avenir de l’Europe soit le plus avancé possible, jusqu’au processus qui a abouti à l’adoption du Projet de Traité sur la Constitution européenne, le 24 octobre 2004 au Sommet de Rome.

Malgré le blocage actuel du processus constituant, le récent Congrès de l’U.E.F.-Europe (Vienne, juin- juillet 2006), auquel la JEF Europe était très étroitement associée, est resté logique avec cette stratégie, en approuvant à une très large majorité de plus de 80 % des délégués une motion politique « pour la relance du processus constituant » qui nous paraît convenir, dans les conditions actuelles de l’Union européenne, à la relance de l’action fédéraliste :

1 / nouvelle Convention européenne chargée d’amender le Projet de Constitution, aujourd’hui bloqué par les Non français et hollandais (malgré l’approbation d’une très large majorité des Etats et des citoyens de l’Union) ; afin de tenir compte des objections sincères du « Non de gauche » et d’améliorer (si possible) le texte en ramenant à la portion congrue, voire en supprimant, le droit de veto national ;

2 / Référendum européen (consultatif) de ratification en 2009, parallèlement aux prochaines élections européennes ;

3 / Mise en œuvre de la future Constitution européenne dès sa ratification par une majorité des Etats et des citoyens de l’Union européenne ; les Etats qui ne la ratifieraient pas entrant ipso facto, jusqu’à ratification éventuelle, dans une Europe d’un deuxième cercle, étroitement associée à l’Union mais ne pouvant plus en bloquer le fonctionnement, ni l’évolution fédérale, et ne menaçant plus de la ramener à une vaste zone de libre échange jusqu’à balkaniser le Continent européen tout entier, prélude d’un nouveau cycle de fascismes et de guerres.

Le Congrès de l’U.E.F. a également défini le mode d’action des fédéralistes dans cette nouvelle phase de leur combat autour d’une initiative forte en direction de la société civile européenne et des citoyens européens centrée sur une Pétition européenne de 1 million minimum de signatures (droit inclus dans le projet constitutionnel) pour exiger le tenue du référendum européen ; cette forme d’action dans la continuité de l’action fédéraliste pour l’affirmation du pouvoir constituant du Peuple européen nous convient également.

(Nous publions également dans ce numéro les résolutions « internationales » du Congrès et donnons des éclairages sur la génèse de la ligne politique majoritaire ainsi que des précisions sur les propositions minoritaires centrées autour d’une action, que nous jugeons réductrice et hors du champ politique réel, pour un Etat fédéral européen limité aux six Etats signataires du Traité de Rome de 1957).

Un point positif pour le développement de cette nouvelle campagne, en France, c’est le pont jeté, après des années d’ignorance mutuelle, entre les Jeunes Européens – France et l’UEF-France, par la signature d’une « motion de partenariat » sur laquelle nous reviendrons. Cette évolution répond aux aspirations de Fédéchoses, créé en 1974 par les groupes de Paris et de Lyon des Jeunes du Mouvement fédéraliste européen dans le but de structurer la JEF France naissante et de permettre un renouvellement et un approfondissement de la pensée fédéraliste. Dès lors Fédéchoses (dont 4 des fondateurs sont toujours membres du Comité de rédaction mais aussi responsables de l’U.E.F. et/ou du World Federalist Movement : JF Billion, L. Levi, M. Morin et JL Prevel) n’a cessé d’affirmer l’héritage des valeurs du « fédéralisme de la Résistance » tout en s’ouvrant très largement sur le dépassement mondialiste de l’action européenne.

Il y a là une autre raison de nous réjouir : une plus large connivence politique, une plus large et systématique unité d’action, entre les JE-F et l’UEF-France est un gage de renouvellement futur des cadres de l’UEF-France mais doit aussi engendrer dans l’immédiat un renforcement du fédéralisme militant sur des bases politiques claires, contre le renouveau et le développement de l’extrême droite, comme le montrent les deux résolutions (que nous publions) des JE – F et de l’UEF Rhône-Alpes.

La création européenne du Comité de surveillance et de lutte contre les dérives nationalistes, racistes et xénophobes, proposé par l’UEF Rhône-Alpes et soutenu par l’UEF France pourrait avoir lieu à Berlin en juin 2007 à l’occasion de la 3ème. Convention des citoyens européens mais rien n’empêcherait de le mettre en place dès maintenant.