Mercosur : un parlement de songes ?

, par Fernando Iglesias

Seize ans après le Traité d’Asunción qui avait créé le Mercosur, son Parlement est devenu plus qu’un rêve. Après sa réunion inaugurale, l’association pour le commerce entre l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay s’est transformée en une entité politique dotée d’institutions parlementaires. Des Chanceliers et des Ministres des quatre pays ont assisté à sa première session, tenue à Montevideo, en Uruguay, en mai 2007.

Le Parlement est composé de dix-huit parlementaires nationaux de chacun des Etats membres, mais aussi de délégués du Venezuela, pays qui a lui aussi récemment entamé les procédures pour devenir un membre à part entière, ont également été acceptés dans l’Assemblée avec droit de parole mais pas de droit de vote. L’Assemblée parlementaire est le premier effort concret pour combler le déficit démocratique du Mercosur, dont le nom (Marché du sud) dénonce parfaitement la conception restrictive, économique et commerciale, qui a prévalu depuis sa création. Malheureusement, cette tendance a également profondément marqué cette tentative : le Parlement n’a pas de pouvoirs législatifs (il n’est qu’un corps purement consultatif) ni de membres directement élus, et il ne siège que deux semaines par an. Bien que les élections directes de ses membres permanents soient prévues pour commencer en 2010, il n’y a même pas de discussion ouverte sur l’attribution au Parlement de fonctions législatives, qualifiées par ses propres membres comme « un instrument utile pour harmoniser les législations nationales et les directives régionales ».

UNION EUROPEENNEMERCOSUR
Population : 487 Millions 263 Millions
Etats membres : 27 5
Territoires : 4 millions de kilomètres carrés 14 millions de kilomètres carrés
Produit intérieur brut global : 14 billions de US $ 2 billions de US $
Produit intérieur brut par habitant : 28.300 US $ / 7.600 US $

Derrière la rhétorique prétendant que grâce à la création de ce parlement, le Mercosur démarre un processus devant conduire à une Union sud-américaine sur le modèle de l’Union européenne, la situation est -au moins- sujette à controverse. Au sein du Mercosur il n’y a pas de Cour de justice pouvant être saisie par les citoyens et susceptible de leur offrir une protection contre les politiques abusives mises en place par les gouvernements nationaux. Même les Etats membres du Mercosur ont déclaré que son système judiciaire était ineffectif. En effet, l’Argentine et l’Uruguay ont demandé à la Cour internationale de La Haye d’intervenir dans leur désaccord sur une installation industrielle polluante située sur la rive est de l’ Uruguay.
De plus, le désaccord sur les échanges financiers et commerciaux entre les Etats membres, l’imposition de quotas nationaux aux importations en provenance d’autres partenaires, les plaintes du Paraguay et de l’Uruguay contre le manque de fonds pour le développement des pays les moins développés et les tentatives de l’Uruguay de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis marquent la vie quotidienne. Telle est encore la règle dans une région où les slogans au sujet de la « Patria Grande » (la « Grande patrie », comme les héros sud-américains qui libérèrent la région du joug espagnol appelèrent l’unité politique du continent) sont des effets de manche courants pour la

P.-S.

Traduit de l’espagnol par Jean-Francis BILLION - Lyon