De la faim à l’espoir, les promesses fragiles
Alors que les organisations humanitaires s’activent pour que l’aide humanitaire parvienne enfin à Gaza, un très fragile cessez-le-feu — arraché dans le cadre du plan Trump — tente de tenir bon. La Cour internationale de justice a pourtant été claire : Israël est tenu, en vertu du droit international, de faciliter l’acheminement de cette aide pour permettre aux Palestiniens de subvenir à leurs besoins fondamentaux.
Mais le gouvernement israélien a rejeté catégoriquement cette décision, ne concédant qu’une reprise partielle des livraisons. Résultat : la famine persiste. L’Organisation mondiale de la santé le dit sans détour — aucune amélioration depuis la trêve, la situation reste catastrophique.
Et pourtant, au cœur de ce chaos, quelque chose bouge. Un souffle nouveau traverse, timidement, les couloirs de la diplomatie.
Un frémissement politique au Proche-Orient
D’abord, il y a eu l’initiative franco-saoudienne, qui a conduit à un sommet international autour de la question palestinienne et à la relance de la solution à deux États. Un rappel salutaire : il n’est plus possible de rester dans une impasse éternelle. La paix passe par un État palestinien viable, ce qui suppose la fin de l’occupation et de la colonisation israéliennes.
Puis, une vague de reconnaissance de l’État de Palestine a déferlé. Onze États occidentaux — jusque-là prudents, voire réticents — ont officiellement reconnu l’État de Palestine. Un tournant symbolique majeur. L’horreur des bombardements israéliens sur Gaza, la détresse humanitaire, ont fait bouger les lignes. Cette reconnaissance tardive ne règle pas tout, mais elle marque un basculement : la communauté internationale semble enfin admettre que l’équilibre ne peut se construire sur l’injustice.
Enfin, l’accord du 9 octobre, premier volet du plan Trump, a suscité un souffle d’espoir. Cessez-le-feu, libération des otages israéliens, de quelques prisonniers palestiniens, 15% environ, et entrée d’aide humanitaire : autant de gestes fragiles, mais nécessaires.
Le plan Trump, ou la paix en trompe-l’œil
Officiellement, la deuxième partie du plan vise à stabiliser Gaza et à préparer un avenir politique : maintien du cessez-le-feu sous supervision internationale, désarmement du Hamas, retour partiel de l’Autorité palestinienne et, à terme, création d’un État palestinien démilitarisé.
Sur le papier, cela paraît pragmatique.
Mais dès qu’on gratte la surface, l’illusion se dissipe.
Car ce plan porte la marque de Trump et de Netanyahu, deux hommes que tout rapproche, notamment leur mépris du droit international.
Leur obsession commune : garder la main sur la terre et le destin des Palestiniens.
Le retrait annoncé de l’armée israélienne ne concerne qu’une « portion non précisée » de Gaza — plus de la moitié du territoire resterait sous contrôle israélien. Et surtout, les Palestiniens ne participent pas aux discussions. Leur avenir se décide sans eux, sous tutelle occidentale, incarnée par Tony Blair et ses équilibres technocratiques. Il est surtout question de reconstruction, ce qui revient à traiter un pan du conflit et non l’ensemble.
La Cisjordanie, quant à elle, est absente du texte, bien que toujours occupée et colonisée en violation flagrante du droit. Et la reconnaissance de l’État palestinien est renvoyée à plus tard, après la réforme de l’Autorité palestinienne et la reconstruction. Autrement dit : on remet encore l’essentiel à demain. Et c’est bien ce « demain » qui, depuis Oslo, n’arrive jamais.
En ne privilégiant pas la souveraineté du peuple palestinien, en reportant à plus tard les questions des frontières, de Jérusalem, en ne faisant pas pression sur Israël pour la libération de Marwan Barghouti, seul à même de réunir les Palestiniens, le Plan Trump est donc un schéma asymétrique, où Israël garde la main et où les Territoires palestiniens restent sous tutelle internationale. À vrai dire, ce plan ne construit pas la paix, il la gèle, puisqu’il oublie les droits.
L’initiative franco-saoudienne, quant à elle, s’inscrit dans le cadre du droit international. Sans changement d’attitude de la part du gouvernement israélien — toujours engagé dans sa politique d’annexions, la Knesset ayant approuvé le 22 octobre 2025 la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie occupée – l’initiative reste pour l’instant un pari diplomatique. Mais on peut se féliciter que l’annexion de la Cisjordanie soit une ligne rouge pour les États-Unis.
Lueur d’avenir : l’idée d’un État palestinien fédéral
En regardant tout cela, on éprouve un mélange d’une part de scepticisme, tant la situation humanitaire à Gaza est catastrophique, vu que le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahu fait tout pour empêcher que les Palestiniens jouissent de leurs droits fondamentaux et d’autre part de lueur d’espoir vu que l’arène diplomatique bouge.
Nous ne sommes pas encore face à un tournant historique assuré.
Mais il existe de nombreuses réflexions sur ce que pourrait être l’État de Palestine, notamment celle de diplomates et d’intellectuels prônant un État palestinien fédéral réunissant Gaza, la Cisjordanie et la diaspora dans une structure à plusieurs niveaux de pouvoir. Associer tous les Palestiniens, y compris ceux de la diaspora, dans le cadre d’élections, permettrait de doter l’Organisation de Libération de la Palestine d’une véritable représentation légitime. Ce modèle permettrait une gestion locale des territoires tout en assurant une unité nationale. Il répondrait ainsi aux craintes israéliennes en offrant ainsi un cadre institutionnel stable et contrôlé et permettrait ainsi aux Palestiniens de vivre dans la dignité.
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