Année européenne des citoyens et lutte contre l’extrême-droite…

Europe intergouvernementale… : Europe de Bisounours !

En cette année européenne des citoyens, la démocratie ne se porte pas pour le mieux, au niveau national, comme au niveau européen.

Déjà, il y a 23 ans, en éditorial de Fédéchoses (4° trimestre 1990), nous insistions sur les risques que faisait courir la montée du Front National, liée à l’incapacité de l’État national de régler les problèmes économiques et politiques. Déjà dénoncé par Altiero Spinelli au début des années cinquante du siècle dernier, alors qu’il allait lancer une action phare des fédéralistes le Congrès du peuple européen (CPE), le caractère illégitime des États nationaux, n’a fait que s’aggraver dans la mesure où ils étaient, et sont de plus en plus, incapables de répondre aux besoins et aux aspirations des citoyens, d’assurer leur avenir et
aujourd’hui en particulier celui des jeunes. Malgré les béquilles que leur a fourni l’intégration économique de l’Europe les
États européens, et leur création l’Union européenne (UE), ne peuvent que continuer à claudiquer et à boitiller…

L’intégration fonctionnaliste n’a pas non plus suffi à construire le « rempart fédéral de la démocratie européenne ».

Partout en Europe, nous assistons à la floraison de populismes, de droite comme de gauche, qui refusent hystériquement
toute avancée démocratique que ce soit vers le haut, l’Europe et bien sûr le monde, ou vers le bas avec un vrai pouvoir aux
communautés locales et régionales. Toutefois, ce qui est plus nouveau, la conscience qu’ont les citoyens européens de
l’inefficacité et du caractère non démocratique de l’UE actuelle n’a jamais été aussi vive.

En France, par ailleurs, cerise sur le gâteau, la tentative de réformer l’État à travers « l’acte III de la décentralisation »
apparaît vouée à l’échec. La mise en place des métropoles, sans véritable réflexion d’ensemble ni mise à plat indispensable
des compétences des départements et des régions va rajouter une couche superfétatoire au mille-feuille institutionnel et créer
des départements croupions comme le Rhône, facilitant là encore le développement de populismes de toute sorte en
particulier celui d’élus accrochés à leur illusoire prébende (comme dans le Haut-Rhin récemment)… Quant à la mise en
oeuvre de la Charte européenne des langues régionales, promise lors de la campagne de François Hollande, elle est une
nouvelle fois passée à la trappe !

…élections européennes et stratégie des fédéralistes

Dans moins d’un an se tiendront les prochaines élections européennes. Le risque est d’une part que l’abstention soit
supérieure à celle de 2009 et d’autre part que de nombreux votants donnent leur voix aux partis eurosceptiques qui font leur miel de la désaffection des citoyens face à la mal-gouvernance de l’UE. Par ailleurs, faute d’une réforme électorale telle que
celle qui était proposée par les fédéralistes à travers la mise en place d’une circonscription européenne pour l’élection d’un nombre significatif de parlementaires, les élus européens resteront largement prisonniers des positions des états-majors de
leurs partis politiques nationaux.

Dans cet environnement et cette situation que peuvent faire les fédéralistes ? Quelle action doivent-ils mener pour « soulever l’enthousiasme des foules » et orienter dans un sens progressiste la campagne des élections européennes ?

Doivent-ils, comme le pensent certains de nos amis italiens, considérer que l’UE à 28 (depuis l’intégration de la Croatie) est ingouvernable et la passer par perte et profits en décidant, sans consulter personne et en réfléchissant en vase clos, d’axer
toute stratégie sur le budget de l’eurozone et une éventuelle intégration plus rapide d’une avant-garde fédérale déclarée par leurs soins et non par les États concernés ? Nous ne le croyons pas.

Par contre nous affirmons, et c’est pourquoi nous en reparlons dans ce numéro, que les fédéralistes ne peuvent et ne doivent pas laisser le nouvel instrument de démocratie participative européenne qu’est l’Initiative citoyenne européenne (ICE) aux
eurosceptiques. L’ICE, pour laquelle les fédéralistes se sont beaucoup battus (nos lecteurs peuvent retrouver sur ice@pressefederaliste.eu divers articles, en particulier de Sylvia Kaufmann et Pauline Gessant, sur leurs propositions à la
Convention européenne, dite Giscard). C’est pourquoi nous proposons de centrer la stratégie des fédéralistes sur le projet de « Plan européen de développement durable et pour la création d’emplois » autour duquel nous pensons possible de réunir un
vaste arc en ciel de forces culturelles, économiques, environnementales, syndicales et politiques. Ce plan pourrait être lancé par certain États seulement (ceux ayant validé les taxes carbone et sur les transactions financières) et serait ainsi susceptible
de dessiner dans le mouvement une éventuelle avant-garde fédérale d’États volontaires pour aller de l’avant par exemple vers la mise en place de ressources propres de l’UE. La création de six Comités nationaux promoteurs de l’ICE laisse
espérer la naissance, à l’automne, de son Comité européen et le démarrage de celle-ci avant la fin de l’année de manière à ce qu’elle soit au centre de la campagne électorale européenne avec, autre apport du Traité de Lisbonne et grande avancée
démocratique, le fait que le prochain Président de la Commission européenne DOIVE ETRE le leader de la coalition électorale ayant gagné la majorité des sièges du Parlement européen.

Il faut sans tarder mobiliser pour soutenir la campagne de « notre » ICE et pour préparer celle des prochaines élections européennes en poussant les partis à lui donner un véritable contenu politique européen en indiquant leur candidat à la
Présidence de la Commission et à s’engager pour la mise en place, au début de la prochaine législature, d’une Convention constituante pour aller vers la Fédération européenne avec ceux qui le voudront.

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