La migration : Ni sûre ni ordonnée

, par René Wadlow

Le 10 décembre est l’anniversaire de la signature du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières à Marrakech en 2018. L’objectif du Pacte organisé par l’ONU était de rassembler l’engagement existant pour améliorer la gestion des migrations et le traitement des migrants. Le Pacte invite les États à élaborer des plans nationaux de mise en œuvre et à examiner leurs pratiques nationales.

Toutefois, les événements récents soulignent qu’aujourd’hui, la plupart des migrations ne sont ni sûres ni ordonnées. Les priorités nationales ont souvent été axées sur les moyens d’empêcher les migrants d’entrer dans le pays plutôt que sur une politique fondée sur la dignité des migrants et leur place dans les sociétés nationales. Les événements survenus à la frontière entre la Pologne et le Bélarus montrent comment les migrants peuvent être utilisés contre leurs attentes pour faire avancer des politiques nationales étroites. Les frontières sont fortifiées, des murs sont construits. La prise du pouvoir par les Talibans en Afghanistan a augmenté le nombre de personnes qui souhaitent fuir et trouver refuge ailleurs. Au Mexique, le nombre de migrants souhaitant entrer aux États-Unis est toujours aussi important, et la politique américaine reste restrictive malgré le changement d’administration.
L’image d’une « Forteresse Europe » ou d’une « Forteresse Etats-Unis » est de plus en plus le reflet d’une réalité. Il existe une coopération entre les États d’Europe occidentale pour un meilleur contrôle par la police et les autres forces de sécurité, mais pas pour une plus grande intégration des réfugiés et des migrants. La politique européenne de retour des migrants dans leur pays d’origine prend de l’ampleur. La migration et les migrants sont des questions clés de la campagne pour la présidence de la France qui est actuellement en cours, la politique anti-migrants étant la caractéristique la plus commune. La situation des migrants et des réfugiés en France qui souhaitent se rendre en Angleterre est rendue encore plus complexe depuis que le Royaume-Uni s’est retiré de l’Union européenne.
La visite du pape François, le 5 décembre 2021, dans les camps de réfugiés et de migrants de Lesbos, en Grèce, a attiré l’attention sur le sort des réfugiés et des migrants. Le pape a eu des mots forts pour dénoncer le manque de compassion des gouvernements envers les migrants et a appelé les organisations non gouvernementales, en particulier les églises, à prendre des mesures constructives.

Il est probable que les progrès en matière de migration sûre et ordonnée et de pratiques compatissantes à l’égard des réfugiés devront venir des organisations non gouvernementales, dont certaines sont déjà actives sur ces questions. Beaucoup peut être fait au niveau local. Comme l’a souligné le pape, les églises locales et les organisations religieuses locales sont en première ligne de l’action. Alors que la saison de Noël commence, nous pouvons nous rappeler l’histoire de la naissance de Jésus loin de la maison de ses parents - un mythe pour notre époque.