Des positions pro-européennes et fédéralistes de la Résistance à la fondation de l’UEF

, par Jean-Francis Billion

Cet article est pour une large part un résumé d’une contribution à un colloque universitaire tenu en 2012 aux Universités d’Assise et de Pérouse [1]. Cette recherche faisait suite à une publication antérieure en rapport à un colloque à l’Université de Pavie sur un aspect méconnu de la Résistance française, la création, dans la clandestinité en juin 1944, dans Lyon occupée, du Comité Français pour la Fédération Européenne (CFFE) [2] et elle sera suivie d’une recherche plus spécifique sur la presse liée à la « France libre » et/ou publiée hors du territoire métropolitain durant la dernière guerre.

Quelles sont les conditions et les raisons des débuts de la Résistance française et de l’apparition progressive de la presse clandestine ? Pourquoi la Résistance est-elle peu spontanée après la victoire éclair de l’Allemagne et apparaît-elle en zone nord d’abord où l’occupation nazie suscite une première forme d’opposition « patriotique » et seulement plus tardivement en zone sud où l’occupant est moins présent et où la grande majorité de la population se satisfait jusqu’à l’automne 1941 de l’apparente autonomie du régime du maréchal Pétain ?

Le contexte de l’entre-deux guerres

L’Assemblée nationale de Vichy confère à Pétain les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940, par 569 voix contre 80, afin d’instaurer une nouvelle constitution et de réaliser une « Révolution nationale », que l’historien allemand de l’intégration européenne Walter Lipgens décrit comme « principalement inspirée par les idées des milieux français anti-républicains d’avant-guerre, avec des tendances marquées à l’autoritarisme et à l’antisémitisme » [3]. Il souligne que la société française a été très divisée durant l’entre-deux guerres, rappelle les propositions, au centre-droit, d’Aristide Briand pour créer les conditions d’une entente européenne réelle allant jusqu’à un projet d’union fédérale et établit que la gauche socialiste guidée par Léon Blum a une inspiration similaire. Il dénonce qu’aux extrêmes, la droite radicale refuse souvent toute action contre Hitler alors que le Parti communiste (PC), hors-la-loi depuis la signature du Pacte germano-soviétique, présente la guerre future comme une entreprise de « brigands capitalistes » pour se partager territoires et profits au risque de faire se massacrer les masses populaires. Lipgens ajoute enfin, qu’un certain nombre d’intellectuels, parfois liés au personnalisme chrétien (par exemple, l’écrivain catholique Jacques Maritain, le Directeur de la revue Esprit Emmanuel Mounier, l’écrivain suisse Denis de Rougemont, le non conformiste Alexandre Marc…) considèrent, dès avant 1940, que les causes d’une nouvelle guerre sont dues aux erreurs et à la dureté du Traité de Versailles de 1919 ainsi qu’aux faiblesses de la Société des Nations, non universelle et incapable de faire appliquer et respecter ses décisions. Ces auteurs proposent comme « but de guerre » la création future d’institutions gouvernementales européennes capables de prendre des décisions et de les mettre en application si besoin est sans l’accord des gouvernements nationaux : des Etats-Unis d’Europe seuls compétents en particulier pour la politique extérieure et la défense. Blum, lui, dans Le Populaire du 14 octobre 1939, publie un article dans lequel il précise les « buts de guerre » qui vont rester ceux des socialistes : « Nous en revenons toujours ainsi aux mêmes formules, à la même conclusion : l’indépendance des nations au sein d’une Europe fédérée et désarmée. Tels sont nos buts de guerre ; ce qui signifie que Telles sont pour nous les conditions de la paix ». Mais d’autres intellectuels encore, par exemple Albert Camus et Pascal Pia, prennent également position, depuis Alger en 1939, pour des solutions fédérales ; proches des milieux libertaires et pacifistes, tous deux vont s’engager au sein du mouvement Combat et seront parmi les fondateurs du CFFE.

Ces antécédents permettent de toucher du doigt les thèmes centraux des écrits pro-européens de la presse clandestine… comme de la presse française immigrée et voire les prises de position de nombreux exilés.

Les débuts de la Résistance et le développement progressif de la presse clandestine

L’historien français de la Résistance Henri Michel cite les premiers « bulletins ronéotypés ou imprimés, nantis d’un titre, qui sortent avec quelque régularité à Paris, en 1940 comme Pantagruel, En captivité, Résistance, L’Université libre et La France au Combat » et confirme qu’en zone sud le réveil va être plus tardif et « qu’il fallut l’entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler », en octobre 1940, « pour que s’affaiblisse l’influence exercée par le gouvernement de Vichy sur la plus grande partie de l’opinion ». Il écrit que la première tâche donnée à ces bulletins est de « faire connaître ce que cachait la presse officielle » et écrit que ce n’est qu’à partir de 1941, que « circulent de véritables journaux, qui se veulent mensuels, organes de Mouvements de plus en plus nombreux, disposant de grands réseaux de diffusion, et de services d’imprimeries bien outillées. Si Valmy et Petites Ailes eurent une courte durée, Libération, La Voix du nord et du Pas de Calais et Défense de la France pour la zone nord, Libération-Sud, Franc-Tireur et Combat pour la zone sud, réussissent à vivre jusqu’à la Libération ». Il signale aussi que tous les Mouvements ne se sont pas structurés autour d’un journal ; certains groupes préfèrent n’éditer que des tracts, des brochures éparses voire de simples bulletins intérieurs ou circulaires. Il souligne que c’est progressivement qu’aux modestes feuilles initiales vont s’ajouter d’autres titres. « De diffusion plus restreinte, mais de portée politique plus grande, d’autres publications, plus épaisses, mieux rédigées, parce que écrites moins rapidement, sont consacrées à la préparation de l’avenir ; elles insèrent des études détaillées tant sur la situation de la France avant la guerre que sur les problèmes du moment. Elles ne les évoquent d’ailleurs que pour situer et étayer leurs vues sur l’avenir. Tels sont Les Cahiers du Témoignage Chrétien, Les Cahiers politiques, Les Cahiers de l’OCM [4], Les Cahiers de Libération, La Revue libre, Les Lettres Françaises. Avec eux, on passe de la doctrine édifiée pour la Libération de la France à un programme pour sa Rénovation ».

C’est à partir de l’automne 1941 que des groupes clandestins significatifs apparaissent et Lipgens rappelle qu’auparavant il n’y a eu, « excepté en Alsace, que trois ou quatre feuilles de peu d’influence, publiées par quelques individus et souvent confisquées immédiatement par la police française ». Lipgens est aussi, et cela mérite d’être noté, le premier historien européen à mettre en exergue l’importance pour la Résistance non communiste du débat sur la paix future et la place de l’Allemagne. Bien qu’en 1941 et 1942, beaucoup de Français pensent à l’Europe comme à une idée monopolisée par les collaborateurs, même si « l’ordre nouveau » hitlérien n’était qu’une perversion de l’idéal d’unité européenne, Lipgens peut écrire que « Combat, le plus grand groupe de Résistance de la zone non occupée, a inscrit l’idée européenne à son programme dès avant 1942 de même que le groupe de Toulouse Libérer et fédérer ».

Toutefois c’est dès juin 1940 que certains groupes ont, même timidement, intégré la dimension européenne dans leurs réflexions. Nous en donnons quelques exemples. Le Front Ouvrier International contre la Guerre (FOI) lance par tract un appel dans leur langue aux « Ouvriers et soldats allemands ! » et les appelle à la solidarité prolétarienne et à rentrer chez eux ; le FOI, socialiste de gauche, a été fondé en 1938 par l’Independant Labour Party britannique, le Parti socialiste maximaliste italien, le Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP, scission de la SFIO [5] animée par Marceau Pivert) et d’autres petits groupes principalement en Europe. En octobre 1940, des membres de la Fédération du Nord de la SFIO fondent L’Homme libre - Bulletin d’informations ouvrières, qui dès novembre écrit que « La paix ne sera durable que par les États-Unis d’Europe libérés du chauvinisme d’une minorité de possédants ». Le même mois, Lipgens cite le premier numéro d’un autre bulletin Pantagruel, réalisé, lui, par l’alsacien Raymond Deiss, qui écrit que « l’ennemi n’est pas le peuple allemand mais le nazisme, le racisme et les attaques contre les Juifs, les Églises et les droits de l’homme (…) le jour de la victoire la France devra être la première à tendre la main aux Allemands ».

Au moins deux autres tentatives se déroulent encore aux marges du mouvement socialiste. Jean Rous, ancien secrétaire de Trotski en Norvège, a rompu avec lui et rejoint les Pivertistes en 1939 ; à l’automne 1940 il fonde avec quelques amis le Mouvement National Révolutionnaire (MNR) dont le bulletin, La Révolution française, publie trois numéros (septembre 1940-janvier 1941) et est classé, malgré certaines hésitations initiales, parmi les premiers titres de la Résistance. Après l’interdiction du MNR par Vichy et un bref séjour en prison, Rous adhère à Lyon à Libérer et Fédérer. Pierre Rimbert et des camarades comme lui anciens du PC et parfois passés par le socialisme et/ou le trotskisme ont fondé avant-guerre, avec le haut responsable du PC et du Komintern André Ferrat, une revue marxiste dissidente : Que Faire ? Fin 1940, Rimbert crée Notre révolution qui devient Notre Combat et enfin Libertés et sera hebdomadaire après la Libération. Rimbert rédige un manifeste, « Notre position » (octobre 1940) dont je veux reprendre les toutes dernières lignes : « Liberté des peuples de disposer d’eux-mêmes ; (…) mettre à profit la crise sociale provoquée par la guerre actuelle pour renverser le régime capitaliste, s’emparer du pouvoir et collectiviser les moyens de production ; assurer une paix définitive par l’abolition des frontières et la constitution d’une Fédération des peuples libres ». Avant même la création du MNR et de Libertés, une réunion de certains de leurs futurs responsables a lieu fin juin 1940 à Toulouse. Victor Fay, ami de Rimbert et de Ferrat, en rend compte dans ses mémoires. « Je rejoins Toulouse où je devais retrouver les camarades de Que Faire ?, (…) Autour de Zacsas (…) et d’André Hauriou, un professeur de droit, nous nous sommes regroupés pour réagir contre le climat d’abattement général et de ralliement à Pétain »  ; il prétend qu’aurait été convenu « un petit mouvement, Libérer et Fédérer, créé autour de Gilbert Zacsas, Rimbert, Pierre Lochac et Rous, avec des implantations à Paris, Lyon et Toulouse. Son but : donner à la Résistance un contenu révolutionnaire, débouchant à la fois sur la libération du territoire et la rénovation des institutions et empêchant la reconstitution des structures d’avant la défaite ». Il y aurait donc eu une rencontre fin juin 1940 entre de futurs fondateurs du MNR, de Libertés, de Libérer et Fédérer et, avec Hauriou plus tard responsable de Combat et l’un des auteurs de son Manifeste. Je me suis attardé sur ces initiatives car beaucoup de leurs responsables sont parmi ceux qui écrivent alors les textes les plus avancés sur l’Europe de l’après-guerre et que certains vont être parmi les fondateurs et les principaux animateurs du CFFE et / ou s’engager dans divers mouvements fédéralistes membres de l’Union française des fédéralistes, section française de l’UEF lors de sa fondation fin 1946.

Moins orientés à gauche et / ou chez les démocrates-chrétiens, en novembre 1940, François de Menthon crée en zone sud le Mouvement Liberté, alors qu’Henri Frenay, futur fondateur de Combat (et après la guerre, Secrétaire général de l’UEF) et son amie Bertie Albrecht diffusent de Lyon leurs Bulletins d’information (le premier en 18 exemplaires !). Début 1941, suite à un accord de Frenay avec le groupe qui édite les Petites Ailes du Nord et du Pas de Calais, ils décident de diffuser à partir de juillet dans les deux zones Les Petites Ailes de France. Lipgens cite un témoignage important de Frenay : « Un soir du printemps 1941, alors que je travaillais sur le prochain numéro des Petites ailes, je me suis trouvé en train d’écrire, ‘ce que nous voulons c’est une fédération d’Etats égaux, y compris une Allemagne guérie de la mégalomanie’. Cette idée va créer quelque surprise chez beaucoup de mes amis qui ne pouvaient pas imaginer l’Allemagne contre laquelle nous combattions comme un acteur de l’Europe du lendemain sur un pied d’égalité avec les autres Etats. Mais cette courte phrase sur l’Europe, écrite au printemps 1941, était le point de départ d’une réflexion qui serait plus tard partagée par la majeure partie de la Résistance non communiste ». L’été 1941 voit la création de deux autres mouvements importants : à Lyon, Libération sud par Emmanuel D’Astier de la Vigerie, et, à Paris, Défense de la France par Philippe Viannay et Robert Salmon. En novembre Liberté, écrit que, « L’Europe est le continent où la densité de la population est la plus élevée, le plus petit et 28 nations s’y entassent. Avec la division internationale du travail (…) ces frontières sont devenues insupportables. Il faut les supprimer. Mais chaque peuple conservera sa langue, ses mœurs, ses coutumes, dans l’égalité des peuples et des races, de façon essentiellement démocratique ». Quelques semaines plus tard, Liberté fusionne avec l’organisation de Frenay pour créer le principal mouvement de Résistance : Combat. Parallèlement, à Toulouse se tiennent les premières réunions pour fonder Libérer et Fédérer autour de l’exilé italien Sivio Trentin et de Zacsas tandis qu’à Lyon l’alsacien Jean-Pierre Lévy crée Franc-Tireur. En ce qui concerne la SFIO, à la fin de 1941, Socialisme et Liberté sort mensuellement en zone nord ; progressivement, en étroit contact avec Blum emprisonné et sous la responsabilité de Daniel Mayer, les socialistes vont se restructurer au sein des Comités d’Action Socialiste (CAS), en zone nord puis en zone sud, et s’exprimer dans Le Populaire, qui reparaît en zone sud à partir de mai 1942.

Le cadre général étant posé, la place me manque ici pour reproduire ci-après des extraits de textes que le lecteur intéressé pourra prochainement retrouver sur le site de Presse Fédéraliste ou dans les Actes publiés par Peter Lang avec de brefs commentaires introductifs. Notons seulement que ces quelques textes proviennent d’une quinzaine de revues ou de groupes différents des deux zones et sont loin de constituer une anthologie exhaustive.

Le CFFE et la Conférence fédéraliste de Paris du printemps 1945 préalables à la fondation de l’UEF supranationale en décembre 1946

La fin des hostilités et de l’occupation approche et avec elles la fin de cet article, mais auparavant je souhaite revenir sur le CFFE fondé en juin 1944 dans Lyon sous occupation allemande au sein du Mouvement de Libération Nationale (MLN, qui regroupe progressivement l’ensemble des principaux mouvements de Résistance non communiste des deux zones). L’initiative en revient à Ferrat, de Franc-Tireur, qui dès fin 1942 et à la tête semble-t-il d’un Comité fédéraliste clandestin, a tenté de contacter l’antifasciste italien Altiero Spinelli dans le but d’organiser un mouvement fédéraliste transnational. Déporté sur l’île de Ventotene, dans le golfe de Naples, après de longues années de prison, Spinelli y a rédigé avec Ernesto Rossi, le Manifeste de Ventotene, pour une Europe libre et unie, aujourd’hui encore le plus connu des écrits fédéralistes de la Résistance européenne. Ce texte arrive clandestinement à Rome et est diffusé de proche en proche dès 1941 (avant même son édition clandestine préfacée par leur compagnon Eugenio Colorni parue en 1944) et connu apparemment assez tôt de petits noyaux en particulier à Lyon et Toulouse. Début 1944, Ferrat réussit cette fois à entrer en relation par la Suisse avec Spinelli et Rossi, qui s’y sont rendus après avoir fondé le Movimento Federalista Europeo à Milan durant le régime éphémère de l’Amiral Badoglio. Ferrat et ses amis sont ainsi informés des rencontres fédéralistes de Genève du printemps 1944 qui regroupent, avec la complicité du fédéraliste (et personnaliste) Jean-Marie Soutou de la Représentation de la France libre à Genève, des résistants de divers pays y compris deux antifascistes allemandes. La « Déclaration de Genève » va être approuvée par le CFFE et par le groupe de La Revue libre (Franc-Tireur) puis reprise en grande partie par la région de Lyon du MLN à l’automne 1944 dans son programme international. Spinelli, toujours interdit de séjour en France en tant qu’ancien communiste, se rend clandestinement à Lyon avec son épouse Ursula Hirschmann début 1945 pour y rencontrer Ferrat et le groupe qui gravite autour de lui à Lyon libre le quotidien local du MLN. Le but est d’organiser une conférence fédéraliste à Paris après la Libération. La rencontre est positive et Ferrat leur conseille de s’adresser à Camus et ils poursuivent donc leur voyage jusqu’à Paris pour y rencontrer Jacques Baumel, Secrétaire général du MLN, et Camus tous deux anciens de Combat et associés au CFFE depuis sa création. La Conférence fédéraliste de Paris, convoquée par Camus sur en tête du CFFE, a lieu en mars 1945 en présence de nombreuses personnalités françaises et de quelques délégués étrangers.

En parallèle, pour en revenir aux revues de la Résistance, le CFFE édite à Lyon le premier des deux numéros des Cahiers de la Fédération européenne. Le second, publié à Paris, servira comme Actes de la Conférence et paraît en août 1945 sous l’égide du Comité international pour la Fédération europénne (le premier CIFE) créé à cette occasion en remplacement du CFFE. On trouve à son sommaire des thèmes et des noms connus : « Pour une Union européenne démocratique », de l’ancien haut responsable du PSOP Michel Collinet ; « Les tâches de la politique extérieure française », signé de A. Altier, l’un des pseudonymes de Spinelli ; « Le problème allemand », d’Altiero Spinelli ; « Méditations fédéralistes au lendemain de San Francisco », sur la création des Nations unies du célèbre juriste Georges Scelle ; « L’Europe se tourne vers l’Angleterre », du suisse François Bondy, l’un des deux contacts internationaux et clandestins du CFFE et, ancien de Que Faire ? ; « La Fédération est-elle antisoviétique ? », de Pierre Brizon, pseudonyme de Lochac. Ce deuxième et dernier Cahier se termine sur une revue de presse et par la Résolution de la Conférence de Paris. Le premier secrétariat du CIFE, animé par Francis Gérard Kumleben, antinazi allemand exilé à Paris dans les années 1930, est composé de divers membres du CFFE (Camus, le futur haut responsable gaulliste Baumel, Ferrat, le futur sénateur démocrate-chrétien du Rhône Maurice Guérin), de Robert Verdier de la SFIO, du parlementaire travailliste britannique John Hynd, d’Altiero Spinelli, de Bondy et de l’antifasciste allemand Willy Eischler réfugié à Londres. Plusieurs de ses membres français ont encore des responsabilités importantes au sein du MLN ou restent actifs dans la presse issue de la clandestinité même si certains vont progressivement s’éloigner du combat fédéraliste. C’est, enfin, Francis Gérard, Secrétaire du CIFE qui en recevant quelques mois plus tard la visite surprise du fédéraliste et résistant hollandais Henri Brugmans dans son bureau de rédacteur en chef de Libertés permet de recréer les contacts entre les fédéralistes de différents pays et d’envisager la fondation de l’UEF au Congrès de Paris des 15 et 16 décembre 1946.

Un grand nombre de journaux de la Résistance non communiste vont poursuivre leur publication, éventuellement dans de nouvelles formules et parfois sous de nouveaux titres. Cela a été le cas longtemps de Combat, Défense de la France, Franc-Tireur, Libertés… ou encore aujourd’hui de Témoignage chrétien.

P.-S.

Jean-Francis Billion
Membre du Comité directeur de l’UEF France, du Comité fédéral de l’UEF Europe et du Conseil du World Federalist Movement – Paris

Notes

[1Cf. J.-F. Billion, « Les revues de la Résistance française et l’Europe », pp. 359-396, dans Communicating Europe – Journals and European Integration (1939-1979), sous la direction de Daniele Pasquinicci, Daniela Preda et Luciano Tosi, éd. Peter Lang, Bruxelles, 2013, p. 610.

[2Cf. J.-F. Billion, « Il Comité Français pour la Fédération Européenne : le radice, la fondazione i contatti », pp. 237-266, dans, Altiero Spinelli il federalismo e la resistenza, sous la direction de Cinzia Rognoni Vercelli, Paolo G. Fontana et Daniela Preda, éd. Il Mulino, Bologne, 2012, p. 622.

[3Faute de place la majeure partie des références bibliographiques et des sources seront précisées dans les Actes à publier du Colloque organisé par l’UEF à Paris le 3 décembre 2016 pour le 70e anniversaire de la fondation de l’UEF.

[4Organisation Civile et Militaire. Mouvement de Résistance de Zone nord.

[5Section française de l’internationale ouvrière.

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