Edito (FR)

, par Chloé Fabre, Jean-Francis Billion

Le moment de mettre une nouvelle parution de Pour le fédéralisme – Fédéchoses sous presse est toujours un moment de mise en abîme. Tout ce à quoi nous avons pensés pendant les 6 mois que dure la préparation du numéro, les échanges que nous avons eus, les réactions vives. Et tout ça qui s’aplanit en deux dimensions entre les pages de la revue. L’occasion de saluer les contacts pris avec VoxEurop, Telos et la poursuite des partenariats avec Il federalista, The Federalist Debate ou l’Agence Europe, qui tous nous permettent de republier certains excellents articles. Saluer aussi les rencontres fortuites, comme celle de Fawaz Hussein aux Rencontres Camus. L’occasion de saluer nos auteurs et nos autrices, qui grâce à leur engagement ouvrent notre œil et notre esprit.
En septembre, nous nous insurgions contre la décision de la Cours suprême polonaise, nous nous apprêtions à enfoncer notre plume aiguisée dans ce terme de « polexit » que des journalistes et politistes inconséquents utilisaient. Nous voulions rappeler que les mots ont un poids, qu’ils structurent notre appréhension du réel et qu’il est essentiel d’éviter des mots qui donnent la conclusion avant que le match ne soit joué.

En novembre, nous voulions écrire sur les murs qui se dressent en Europe. Vingt-deux ans après la chute du mur de Berlin, l’Union ne fait plus tomber les murs, au contraire, elle aide à les construire. Quand une épidémie a entériné dans l’esprit de la grande majorité que le danger vient de l’étranger et qu’il faut se claquemurer dans les quatre murs de son appartement ou de ses frontières, pourquoi s’étonner que d’autres hommes et femmes ne trouvent que barbelés et murs à leur arrivée. La construction du nouveau camp de la Mavrovouni en remplacement de celui de Moria, détruit par un incendie, reste un camp où des êtres humains sont enfermés. Et le dictateur biélorusse a bien compris comment l’incapacité des dirigeants européens à assumer une politique d’accueil commune était un levier pour lui. Il suffirait que les dirigeants européens disent et assument que « c’est pas grave, on accueille, on met à l’abri » pour que les manœuvres de déshumanisation de Lukashenko soit complètement inefficaces.

Et puis, l’accord de coalition allemand a été publié. C’est la première fois depuis longtemps qu’un État-membre s’engage en faveur de la mise en place d’un État fédéral européen. Cette excellente nouvelle a fait réagir les fédéralistes, ce numéro est l’occasion de faire un tour d’horizon et de rappeler certaines propositions fédéralistes. La nouvelle coalition a ainsi rendu crédible l’alternative fédéraliste au statu quo européen. Interrogés sur leur accord avec la position allemande, 58% des personnes sondées en France par Odoxa indiquent vouloir un État fédéral européen. La preuve que le militantisme paie. Et l’invitation à s’engager d’autant plus fermement pour que ces propositions soit reprises par les autres États-membres qui tiennent encore les rênes du changement de traités. A nous, fédéralistes, de mettre au centre des débats pour la présidentielle et les législatives la question de l’État fédéral européen et de la constituante.