Quelques mots sur 2015… et en guise de vœux (pieux ?) pour l’avenir

L’année 2015 aura commencé et se sera close dans la douleur et la tristesse à la suite des attentats terroristes, en France, mais aussi au Proche et Moyen-Orient. La lutte contre le terrorisme ignore les frontières et dépasse les cadres nationaux et même le cadre européen. Or les mesures prises, notamment par le gouvernement français, ont souvent un caractère national voire nationaliste : inscription de l’état d’urgence dans la constitution, déchéance de la nationalité… Cette dernière mesure va stigmatiser ceux qui ont une double nationalité dans une société française où la multi-culturalité est déjà mal assumée. Elle ne peut que mettre du sel sur les plaies ! Et tout cela pour essayer de rattraper le désastre des élections régionales qui ont consacré le triomphe du FN et d’éviter celui qui se profile pour les présidentielles de 2017. Le FN n’a d’ailleurs pas tardé à applaudir, n’hésitant pas à faire de la surenchère, comme Florian Philippot (« Une fois le principe réhabilité, il faudra appliquer la déchéance de nationalité plus largement » - cité dans Le Monde, 30.12.15, p. 24).

C’est à se demander si les plus hauts responsables de l’Etat ne sont pas obnubilés par le fait de faire bonne figure au Concours Lépine des « idiots utiles du FN » aux premiers rangs desquels trônaient jusqu’alors Sarkozy et Laurent Vauquiez !

Le deuxième tour des élections régionales nous a tout-de-même apporté une double satisfaction :

  • la première c’est que le « Front républicain » a permis in extremis, que l’extrême-droite ne s’empare pas du pouvoir dans 2 à 3 des nouvelles régions (…heureusement croupions !) « de taille européenne » (sauf en matières décisionnelle et financière !) ;
  • la seconde, c’est la claire victoire en Corse de la liste autonomiste (nous préférons ce vocable à celui de nationaliste…). Pour la première fois les autonomistes sont parvenus démocratiquement au pouvoir dans l’une des régions de France dite « métropolitaine ». Ce coup de ciseau dans les certitudes et les habitudes de l’Etat-nation français bureaucratique et centralisé ne peut que réjouir Fédéchoses qui a toujours affirmé que les luttes pour la démocratie européenne et mondiale d’une part, régionale et locale d’autre part, étaient indissociables.

Il convient également de se réjouir que la victoire des autonomistes en Corse se soit accompagnée des pires scores nationaux de l’extrême-droite, ce qui montre que les régionalistes peuvent représenter une alternative politique crédible au désenchantement des électeurs, à l’abstentionisme et aux votes extrémes et populistes (certaines manifestations xénophobes récentes à Ajaccio ont sans doute du reste été montées par des groupuscules « identitaires » et / ou proches du FN en réponse à cette démonstration).

… Puisse enfin, Manuel Valls, prendre conscience que la langue première de la Corse, c’est le Corse, comme le Catalan est celle de la Catalogne (en France comme en Espagne !...).

En ce qui concerne l’Union européenne (UE), l’afflux des réfugiés a été traité uniquement selon la logique intergouvernementale et la juste décision prise par la Commission européenne de leur répartition équitable entre les Etats est restée lettre morte. La décision de Mutti Merkel de tous les accueillir, sans tenir compte de la nécessaire logique européenne, pour généreuse qu’elle fût, n’a pas aidé à la solution du problème. Les demandes pressantes de création d’un corps de garde-côtes, de garde-frontières, voire d’un parquet européens pour assurer la sécurité intérieure, restent ignorées par les Etats désunis d’Europe et posent de trop nombreuses questions pour que nous puissions ici les traîter. Plusieurs articles ci-après abordent cependant et déjà cette crise migratoire.

Sur le plan économique, la solution laborieuse et provisoire de la crise grecque en juillet, a tout de même fait réfléchir une partie de la classe politique et soulevé quelques velléités de susciter la mise en place d’un gouvernement de la zone euro (cf. la « proposition Macron-Gabriel » et certains propos de Hollande). Le Conseil européen de décembre a montré que le maintien du statu quo prédominait actuellement et que les Etats s’accomodaient fort bien de l’impuissance de l’UE à régler les crises (économique, sociale, politique et de sécurité intérieure) qui l’assaillent et remettent en cause le procesus d’intégration européenne.

On en est à se demander pourquoi la Grande-Bretagne souhaite voir se diluer encore une Union qui l’est chaque jour davantage et où les Etats ont déjà poussé sous le tapis la perspective d’« une Union toujours plus étroite ». Dans ces conditions, la seule réponse pouvant être donnée aux prétentions britanniques ne peut qu’être un quadruple « No ! »… ce qui ne signifie pas que l’UE ne soit pas bancale et peut-être irréparable de l’intérieur.

En conséquence les fédéralistes ne peuvent plus se contenter de défendre l’existant mais ils doivent au contraire exiger la création d’une avant-garde fédérale (qui pourrait être la zone euro) avec les seuls Etats qui le souhaiteraient et qu’elle soit mise en place au plus vite entre ces seuls Etats et selon la seule règle réellement démocratique : celle d’une double majorité des Etats ET des citoyens.


Pour les fédéralistes qui luttent pour la résolution démocratique des problèmes politiques AU NIVEAU OU ILS SE POSENT, l’année 2016 (qui marque symboliquement, avec 2017, le 70ème anniversaire de la fondation des principales organisations fédéralistes internationales issues de la Résistance au nazi-fascisme, l’UEF et le WFM, mais aussi de l’ONU) et les prochaines années doivent les voir s’activer sur un certain nombre de chantiers prioritaires afin de bâtir les remparts fédéraux de la démocratie contre le fascisme national et le terrorisme international (« objectivement complices ») :

  • pour une véritable fédéralisation de la France (c’est-à-dire : culturelle, politique, économique ET financière) ;
  • pour de nécessaires transferts de souveraineté des Etats vers l’UE et la zone euro et la mise en place d’une gouvernance européenne véritablement démocratique et efficace ;
  • pour le renforcement et la démocratisation du système de l’ONU, à travers la mise en place d’une Assemblée parlementaire des Nations unies et d’une réforme du Conseil de Sécurité qui ne peut toutefois prendre le risque de remettre en cause l’existence même des Nations unies.

Fédéchoses

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