Il y a « 30 ans » nous avons publié…

Pour l’élargissement à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal

, par Jean-Marie Dubos

Jean-Marie Dubos

Fédéchoses - n° 24 - 4° trimestre 1978

Du 15 au 19 novembre s’est déroulé à Athènes un séminaire sur l’entrée de la Grèce dans la CEE. Cette manifestation de la JEF-Grèce a prouvé l’importance de notre mouvement dans cet Etat.

J’ai eu l’occasion, avec la délégation de la JEF, de participer aux manifestations commémorant la prise du pouvoir par les colonels et notamment à l’école polytechnique que l’armée et les chars envahirent à cette occasion, faisant de très nombreuses victimes, et qui symbolise depuis la résistance populaire. Jamais, par le passé, je n’ai vécu une manifestation d’une telle ferveur, unissant non seulement les étudiants mais aussi toutes les classes d’âge, l’ensemble des partis démocratiques, des syndicats et de la population d’Athènes.

Qu’elle semble dérisoire notre « révolution » de mai 1968 devant une si présente réalité. En Grèce, comme partout ailleurs en Europe, le totalitarisme et l’intransigeance renaissent si nous n’y prenons pas garde : flambée de racisme, défense d’intérêts douteux, atteinte aux libertés individuelles ou collectives.

Pour nous, jeunes fédéralistes, notre idéal de justice et de liberté et les actions que nous menons et que nous devons mener pour le faire triompher pourraient être taxées d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays étranger. Lorsque nous luttons contre les interdictions professionnelles en RFA, lorsque nous réclamons les droits politiques pour les travailleurs migrants, lorsque nous dénonçons les atteintes aux libertés en Europe de l’Est, OUI, nous intervenons en tant qu’organisation internationale dans l’ordre interne des Etats-nations. Oui, nous devons le faire. Par la sacro-sainte doctrine de la non-ingérence ont été justifiés, Munich et ses suites, la guerre d’Espagne, la dictature hellénique. Notre combat de fédéralistes ne connaît pas de frontières. La liberté ne doit pas s’arrêter à un pointillé sur une carte, à un rideau de fer dans la plaine de la Hesse.

Une Europe politiquement intégrée est la dimension géopolitique qui correspond aux besoins des peuples afin de leur garantir la pérennité de la démocratie.

L’ouverture de la CEE à de nouveaux Etats s’impose donc comme une évidence politique et elle n’est qu’une étape dans le processus de l’intégration.

La création de l’Europe politique comprenant la Grèce, l’Espagne, le Portugal, aura le grand mérite de conforter la démocratie et de rendre irréversible le processus de libération de l’Europe du Sud.