Editorial

, par Chloé Fabre

Nous préparions ce dossier sur le fédéralisme et l’Afrique quand, en mars, l’historien Vincent Duclert et sa commission ont rendu un rapport confirmant enfin que les responsables français étaient au courant du génocide en préparation au Rwanda en 1994. L’État et les dirigeants de l’époque portent ainsi des « responsabilités lourdes et accablantes » dans la mort de 800 000 personnes en quatre mois. Le rapport présente des décideurs pris dans une lecture ethniciste et plus préoccupés de raison d’État (grandeur éternelle supposée de la France et devenir de la francophonie) que du sort des populations locales. Une manière de mettre en perspective ce dossier qui revient d’une part, sur l’histoire, le panafricanisme et le fédéralisme africain, d’autre part sur les liens entre l’Union européenne et l’Afrique dans une optique mondialiste.
Pour le fédéralisme – Fédéchoses dénonce encore et toujours les attaques contre la démocratie, ici ou ailleurs et en particulier en Biélorussie, Turquie ou au sein de l’UE (à Lyon dernièrement où des terroristes membres d’une organisation paramilitaire turque à la solde du gouvernement d’Ankara, ont attaqué le local d’une association kurde). L’Europe peut toujours devenir le lieu où s’expriment la haine ou les tensions d’autres régions du monde.
Géant économique l’Europe intergouvernementale reste un nain politique. Comme si cela n’était pas assez dramatique pour sa propre sécurité et l’équilibre mondial, elle se ridiculise en proie à des bisbilles ridicules en politique étrangère. Ces derniers jours, Ursula van der Leyen, présidente de la Commission en a été victime à Ankara. Manœuvre mysogyne et machiste du régime d’Erdogan doublé de passivité coupable du « premier des vieux males blancs » du Conseil européen (des chefs d’États et de gouvernements !), son président Charles Michel. Au-delà du scandale en matière d’égalité entre les femmes et les hommes que l’UE devait défendre, cet incident démontre l’urgence d’une clarification des responsabilités entre la Commission (Présidence et Haut Représentant pour les affaires étrangères et la sécurité) et le Conseil qui se battent comme des chiffonniers pour représenter l’Union à l’extérieur, et ce de plus belle depuis le Traité de Lisbonne. La cacophonie actuelle ridiculise l’UE à l’étranger et aux yeux de ses citoyen.nes. Cette situation ubuesque est du pain béni pour ses adversaires et ceux de ses valeurs, dans et au-delà de ses frontières. Ils auraient bien tort de se gêner quand l’UE a « le cul entre deux chaises » et que M. Michel semble rechercher une promotion canapé !
Au moment où Presse fédéraliste a signé un partenariat avec la Chaire Jean Monnet du professeur Robert Belot et publie un premier volume sur Henri Frenay, nous attirons l’attention sur l’importance de son texte « Daniel Cordier et Henri Frenay : bataille mémorielle et enjeu historique ».