(…) L’intervention en Libye décidée par le Conseil de Sécurité marque un progrès vers cette gouvernance mondiale sans laquelle l’avenir de la civilisation, sinon de l’espèce humaine, ne saurait être à long terme garanti. Elle n’en pose pas moins de sérieuses questions.
Comment ne pas éprouver un malaise face au deux poids deux mesures ?
Pourquoi les révoltés de Bahreïn n’ont-ils pas droit à la même protection que ceux de Libye ? On connaît la réponse : l’Arabie saoudite et son pétrole pèsent trop lourd.
Que reste-t-il de la politique étrangère et de sécurité commune après l’abstention de l’Allemagne ? Alain Juppé, dont on s’accorde à reconnaître les mérites et une autorité personnelle qui manquait à la plupart de ses prédécesseurs, a-t-il déployé tous les efforts possibles pour éviter ce très grave échec de l’Europe organisée ?
Cette affaire montre la nécessité d’une réflexion sur la conciliation nécessaire des politiques nationales et de celle de l’Union. Ne pourrait-on admettre la possibilité de décisions majoritaires permettant une action de l’Union en tant que telle, tout en permettant aux Etats minoritaires de ne pas y prendre part, en tout ou en partie ?