Pour les fédéralistes européens, le bilan de Valéry Giscard d’Estaing est contrasté. Il illustre sans doute mieux que tout autre la distinction que j’opère entre européistes et fédéralistes. Il a en effet beaucoup parlé de fédéralisme (bon surtout après avoir été président) : on peut saluer cette clarté dans le débat sur l’Europe. Il a été président lors de l’élection directe du Parlement européen qui est le plus grand succès des fédéralistes avec l’euro. Giscard a aussi été président du Mouvement européen international, issu du Congrès de La Haye qu’avaient initié les fédéralistes, organisation qui rassemble les organisations dites « pro-européennes ». Mais il est aussi à l’origine du Conseil européen qui a dérivé d’instance ultime d’arbitrage en praesidium auto-proclamé de l’Europe, usurpant un pouvoir que les traités refusent de voir confier à une personnalité issue du vote des citoyens lors des élections européennes, seule source de légitimité directe des institutions européennes. VGE a donc contribué significativement à l’intergouvernementalisation de l’Union et donc à sa sclérose actuelle. Naturellement ce que j’appréciait particulièrement chez VGE est qu’il avait permis la rupture avec l’idéologie conservatrice et nationaliste qu’était le gaullisme qui est à présent dans les poubelles de l’histoire, et tant mieux.