Il y a « 30 ans » nous avons publié…

Editorial de Fédéchoses, n° 11, Eté 1975…

…annonçant le lancement d’une action des JEF
France et Italie contre la conscription militaire
obligatoire, « l’une des armes les plus
puissantes entre les mains de l’Etat national
pour manipuler les consciences individuelles et
transformer l’homme en un citoyen obéissant
jusqu’au sacrifice suprême consistant à
‘donner sa vie pour la patrie’ ».

La crise qui bouleverse les Etats européens est
fondamentalement causée par la fin de la période
d’intégration économique de l’Europe et le manque
d’unification politique. Les compétences fuient toujours
plus des mains des gouvernements qui restent ainsi privés
de pouvoirs effectifs et, au niveau européen, existent des
eurocrates, irresponsables devant la population et, pour
cela, privés de pouvoir.

Il est impensable que les Européens renoncent au bienêtre
que leur a procuré le Marché commun et un retour
pur et simple au protectionnisme est également
impensable. La contradiction de fond est donc destinée à
durer jusqu’à la naissance d’un gouvernement européen
et, jusqu’à ce point, excepté le cas d’importantes
modifications d’équilibre entre la Russie et les Etats-Unis,
l’on peut prévoir que l’instabilité sociale et politique est
destinée non seulement à continuer, mais encore à
s’accroître.

Aujourd’hui, toutes les formes de gouvernement en
Europe semblent précaires. La vie politique se développe
toujours plus en dehors des cadres politiques traditionnels
 : la crise que traversent les partis politiques n’est que le
reflet de celle des Etats nationaux dans lesquels ils sont
structurés. Il est évident que, dans ce contexte, les
possibilités pour les fédéralistes, d’une action
extraparlementaire, sont multipliées.

Une action contestataire mais à étroit contenu fédéraliste semble être celle contre le service militaire obligatoire

La conscription obligatoire a toujours été l’une des armes
les plus puissantes entre les mains de l’Etat national pour
manipuler les consciences individuelles et transformer
l’homme en un citoyen obéissant jusqu’au sacrifice
suprême consistant à « donner sa vie pour la Patrie ».
On peut donc dire, du point de vue institutionnel, qu’il
existe un Etat là où existe une armée et vice-versa. C’est
grâce à sa puissance militaire que l’Etat peut
concrètement exercer sa souveraineté dans les rapports
avec les autres Etats.

Remettre en cause « l’amour de la Patrie » dans les Etats
continentaux européens c’est donc aussi remettre en cause
le principe même sur lequel se fonde l’Etat national et les
pouvoirs politiques existants. Pour nous, fédéralistes, la
contestation du service militaire obligatoire doit devenir
l’instrument pour contester la légitimité sur laquelle se
fonde aujourd’hui la légitimité étatique.
Fédéchoses