Éditorial de Fédéchoses, n° 62, 4° trimestre 1988

Ou, à propos… d’une initiative citoyenne italienne avant l’heure des initiatives citoyennes européennes...

Les militants fédéralistes européens viennent, en Italie, de remporter une grande victoire. Après avoir récolté 114 000 signatures (certifiées auprès d’un officier de l’état civil), ils ont pu déposer un projet de loi d’initiative populaire afin que, le jour de l’élection européenne se tienne en Italie un référendum donnant mandat au Parlement européen de rédiger un projet de traité-constitution de l’Union européenne.

Après avoir été approuvé par la Chambre des députés italienne, il a été adopté par le Sénat le 20 décembre, à l’unanimité. Si, comme le prévoit la constitution italienne et comme cela est très probable, les deux Chambres du Parlement italien se prononcent à nouveau d’ici à trois mois en faveur de cette loi à une majorité des deux tiers, ce référendum deviendra une certitude. Tous les pays de la Communauté devront alors se situer par rapport à la décision italienne. Il est impossible de créer l’Europe sans frontières de 1992 sans créer dans le même temps une première forme de gouvernement démocratique européen. Les grands choix concernent les aspects politique, social et monétaire du marché unique.

Tel est le défi que l’Italie lance aux autres pays de la Communauté, dans l’esprit d’Altiero Spinelli. L’enjeu est immense. C’est seulement avec un gouvernement européen que nos pays pourront apporter une contribution historique à la solution désormais urgente des grands problèmes tels que la paix, le développement du tiers monde, la restructuration de l’économie dans le sens de l’écologie et l’affirmation universelle des droits de l’homme.
La grande politique qui s’est à nouveau présentée sur la scène de l’histoire avec les premiers accords sur le désarmement nucléaire entre Gorbatchev et Reagan revient aussi en Europe avec la lutte pour le gouvernement européen, c’est à dire la première affirmation de la démocratie internationale, indispensable pour remettre entre les mains de chaque homme, le sort du genre humain. Les fédéralistes qui se sont toujours battus pour la constituante européenne peuvent être fiers d’avoir ainsi apporté une contribution décisive à cette lutte.

La marche des militants fédéralistes est longue, mais elle sera menée à son terme. Dans tous les cas, le succès, en Italie, de cette loi d’initiative populaire donnera, partout en Europe, une signification considérable au vote des citoyens européens, le 18 juin 1989.