Avec l’avancée des troupes turques, les dangers échappent à tout contrôle

, par René Wadlow

Le 9 octobre, confirmant des suspicions déjà anciennes, les troupes turques ont lancé une attaque contre les Forces démocratiques syriennes, milice opérant sous commandement kurde au nord-est de la Syrie. L’opération kurde a pour nom de code « Opération Printemps de Paix », mais le danger est réel de voir la situation tourner à une « Opération Hiver de Violence » alors que les habitants de la région fuient en nombre les attaques aériennes et les bombardements de l’artillerie.

Soldats turcs en action

En conséquence, dans un message adressé le 10 octobre aux ambassadeurs turcs auprès de l’ONU à New York et Genève, ainsi qu’à l’ambassadeur turc auprès de l’UNESCO à Paris, l’Association of World Citizens (AWC) a exprimé sa préoccupation devant les opérations militaires auxquelles se livrent les forces armées turques et leurs alliés syriens au nord-est de la Syrie. L’AWC a appelé à une solution politique permettant de réconcilier les intérêts tout à la fois de la Turquie et de l’Administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est, région largement désignée par les Kurdes sous le nom de Rojava. Il s’agit d’une région multiethnique peuplée de Kurdes, d’Arabes et d’Assyriens, de groupes plus circonscrits de Turkmènes, d’Arméniens et de Circassiens l’habitant également. Avec le temps, les relations entre ces groupes se sont envenimées du fait du conflit en Syrie et de la création de l’État islamique (Daesh).
L’Appel des Citoyens du Monde se poursuivait ainsi : « Un cycle de violence dans la région serait à même d’entraîner des conséquences funestes pour les civils qui y vivent, et ils sont plus de deux millions dans ce cas. L’Association of World Citizens appelle le Gouvernement turc à entreprendre des négociations de bonne foi avec l’Administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est, ainsi qu’avec les autres parties concernées, afin de parvenir dès que possible à un cessez-le-feu. Nous tenons également à ce que les forces armées turques se conforment à leurs obligations en droit humanitaire international, ce qui consiste notamment à s’abstenir de toute attaque contre des civils, ainsi que de toute attaque aveugle ou disproportionnée ».

Combattantes kurdes de Syrie

Les guerres d’Irak et de Syrie ont toutes deux entraîné de nombreuses violations du Droit humanitaire international. À bien des égards, celui-ci est le fondement du système de droit mondial que promeut l’AWC.
Pour l’heure, les discussions à huis clos qui se sont tenues au Conseil de Sécurité des Nations unies n’ont mené à aucune déclaration que tous aient pu soutenir. Les divers États concernés présentent en la matière des politiques très diverses. La Russie se targue de pouvoir faciliter d’éventuelles discussions entre les factions kurdes et le gouvernement d’Assad. Le Président Trump a laissé entendre qu’il pouvait servir de médiateur entre Turcs et Kurdes. La position qu’affichent les Européens membres du Conseil de Sécurité semble voisine de celle de l’AWC, puisqu’ils appellent à un cessez-le-feu. La direction de l’OTAN ainsi que l’ambassadeur chinois à l’ONU appellent tous deux à la « retenue ».
C’est pourquoi, alors que la situation actuelle peut prendre tous les chemins possibles vers le pire, les organisations non-gouvernementales doivent faire preuve d’un leadership clair et dynamique. Il faut un appel aussi large que possible au cessez-le-feu ainsi que des négociations de bonne foi, de manière à pouvoir commencer à satisfaire les intérêts communs aux diverses parties dans une société qui soit à présent en paix.