Biélorussie : la société civile européenne mobilisée pour la démocratie, … pas le gouvernement français

125 villes dans le monde se sont mobilisées pour demander la
démocratie en Biélorussie. L’action de la JEF-Europe prend une
réelle ampleur au fil des années. Cette mobilisation de la jeunesse
pour dénoncer la dictature de Loukashenko a été un vrai succès.

Malheureusement, tout cela est gâché quelques jours après par le
Secrétaire d’Etat français au Affaires européennes, Pierre Lellouche. Celuici
est allé tranquillement serrer la main du dictateur biélorusse lors de la
première visite officielle française au régime de Loukashenko. Un comble
pour un ministre du « pays des droits de l’homme ».

Une belle mobilisation à travers le monde

Cela devient une habitude avec la JEF-Europe, partout en Europe et dans
plusieurs villes du monde, la jeunesse se mobilise par le biais d’une action
symbolique afin de demander plus de démocratie en Biélorussie. Chaque année, la date de la réélection de Loukashenko voit fleurir des baillons sur
les statues des villes avec le message « Give a voice to Belarus people ».
Encore une fois, les Jeunes européens fédéralistes montrent qu’il existe un
espace public européen sur des questions importantes. Le combat pour la
démocratie transcende les frontières nationales.

Comment ne pas voir dans cet événement un exemple de ce que peut être
une mobilisation de la société civile aujourd’hui ? Sur un mot d’ordre clair
et fondé sur des valeurs importantes, les citoyens peuvent se coordonner
partout en Europe malgré le manque de médias et de relais politiques
transnationaux. Les nouvelles technologies permettent de mobiliser les
membres d’une organisation mais aussi de toucher de simples citoyens.
Ainsi, même si un citoyen ne participait pas directement à l’action, il
pouvait mettre sur ses profils dans les réseaux sociaux (Facebook, Twitter,
etc.) une image liée à l’action pour montrer son soutien.

La visibilité de cette action est une réussite. Tout d’abord, le nombre de
villes mobilisées donne une véritable crédibilité à cette action. Au départ,
c’était une simple réaction citoyenne aux malheurs des opposants
biélorusses se faisant violenter, emprisonner et se voyant privés de leur
capacité à choisir démocratiquement le dirigeant de leur pays. Désormais,
elle est un véritable outil pour coordonner les actions et diffuser auprès des
citoyens une situation biélorusse que beaucoup ignorent malheureusement
du fait d’un silence médiatique assourdissant.

C’est aussi une réussite car cette action est connue désormais des
opposants au régime de Loukachenko. Les contacts sont pourtant très
difficiles avec les opposants. La répression est féroce et le régime met en
place désormais un verrou sur internet. Un contrôle de la toile qui est la
marque du rejet et de la peur de la démocratie et de la capacité des citoyens
à s’exprimer librement. Heureusement, quelques encarts passent dans la
presse russe, qui est la seule non contrôlée par le régime et qui pénètre
dans le pays. Ces encarts nous permettent d’envoyer ces bouteilles à la
mer remplies de l’oxygène de la liberté à nos amis qui étouffent dans ce
régime.

Un manque de relais politique

Nous ne pouvons que constater que le personnel politique est aphone sur
la question. Pire, certains dirigeants européens font le choix de soutenir le
régime biélorusse. Les 1er et 2 avril 2010, Pierre Lellouche, Secrétaire
d’Etat aux Affaires européennes, a réalisé la première visite officielle de la
France en Biélorussie depuis que Loukashenko a imposé sa main de fer sur
le pays.

Elle fait suite à la visite à Paris de M. Sémachko, Premier vice-premier
ministre, en janvier dernier, accompagné de plusieurs membres du
gouvernement biélorusse et de représentants d’entreprises. Pierre
Lellouche prétend encourager ses interlocuteurs à réaliser les réformes
nécessaires à la normalisation des relations avec l’Union européenne, en
particulier en matière de libertés et de droits de l’homme... Inutile de dire
que le gouvernement français y va surtout pour obtenir des contrats bien
juteux.

Loukashenko est le plus gagnant dans cette visite : pourquoi changer de
méthode alors que les régimes dits démocratiques viennent lui serrer la
main ? Pendant ce temps, c’est la société civile et les opposants politiques
biélorusses qui subissent la répression. Nous ne pouvons qu’être fiers en
tant que Fédéralistes d’être ceux qui ne laissent pas tomber dans l’oubli
ceux qui se battent pour la démocratie en Biélorussie.

Mots-clés