Malheureusement, tout cela est gâché quelques jours après par le Secrétaire d’Etat français au Affaires européennes, Pierre Lellouche. Celuici est allé tranquillement serrer la main du dictateur biélorusse lors de la première visite officielle française au régime de Loukashenko. Un comble pour un ministre du « pays des droits de l’homme ».
Une belle mobilisation à travers le monde
Cela devient une habitude avec la JEF-Europe, partout en Europe et dans plusieurs villes du monde, la jeunesse se mobilise par le biais d’une action symbolique afin de demander plus de démocratie en Biélorussie. Chaque année, la date de la réélection de Loukashenko voit fleurir des baillons sur les statues des villes avec le message « Give a voice to Belarus people ». Encore une fois, les Jeunes européens fédéralistes montrent qu’il existe un espace public européen sur des questions importantes. Le combat pour la démocratie transcende les frontières nationales.
Comment ne pas voir dans cet événement un exemple de ce que peut être une mobilisation de la société civile aujourd’hui ? Sur un mot d’ordre clair et fondé sur des valeurs importantes, les citoyens peuvent se coordonner partout en Europe malgré le manque de médias et de relais politiques transnationaux. Les nouvelles technologies permettent de mobiliser les membres d’une organisation mais aussi de toucher de simples citoyens. Ainsi, même si un citoyen ne participait pas directement à l’action, il pouvait mettre sur ses profils dans les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.) une image liée à l’action pour montrer son soutien.
La visibilité de cette action est une réussite. Tout d’abord, le nombre de villes mobilisées donne une véritable crédibilité à cette action. Au départ, c’était une simple réaction citoyenne aux malheurs des opposants biélorusses se faisant violenter, emprisonner et se voyant privés de leur capacité à choisir démocratiquement le dirigeant de leur pays. Désormais, elle est un véritable outil pour coordonner les actions et diffuser auprès des citoyens une situation biélorusse que beaucoup ignorent malheureusement du fait d’un silence médiatique assourdissant.
C’est aussi une réussite car cette action est connue désormais des opposants au régime de Loukachenko. Les contacts sont pourtant très difficiles avec les opposants. La répression est féroce et le régime met en place désormais un verrou sur internet. Un contrôle de la toile qui est la marque du rejet et de la peur de la démocratie et de la capacité des citoyens à s’exprimer librement. Heureusement, quelques encarts passent dans la presse russe, qui est la seule non contrôlée par le régime et qui pénètre dans le pays. Ces encarts nous permettent d’envoyer ces bouteilles à la mer remplies de l’oxygène de la liberté à nos amis qui étouffent dans ce régime.
Un manque de relais politique
Nous ne pouvons que constater que le personnel politique est aphone sur la question. Pire, certains dirigeants européens font le choix de soutenir le régime biélorusse. Les 1er et 2 avril 2010, Pierre Lellouche, Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, a réalisé la première visite officielle de la France en Biélorussie depuis que Loukashenko a imposé sa main de fer sur le pays.
Elle fait suite à la visite à Paris de M. Sémachko, Premier vice-premier ministre, en janvier dernier, accompagné de plusieurs membres du gouvernement biélorusse et de représentants d’entreprises. Pierre Lellouche prétend encourager ses interlocuteurs à réaliser les réformes nécessaires à la normalisation des relations avec l’Union européenne, en particulier en matière de libertés et de droits de l’homme... Inutile de dire que le gouvernement français y va surtout pour obtenir des contrats bien juteux.
Loukashenko est le plus gagnant dans cette visite : pourquoi changer de méthode alors que les régimes dits démocratiques viennent lui serrer la main ? Pendant ce temps, c’est la société civile et les opposants politiques biélorusses qui subissent la répression. Nous ne pouvons qu’être fiers en tant que Fédéralistes d’être ceux qui ne laissent pas tomber dans l’oubli ceux qui se battent pour la démocratie en Biélorussie.