Fédé-Lettres

Radio Matin 2010

, par Paul Aubin

Tu écoutes la radio du matin Et les nouvelles ne vont pas bien.
Il paraît que les Grecs auraient abusé, Des subventions de l’Europe se
seraient gavé Et, qu’horrible angoisse, Picsou craint de ne point être
remboursé. Mais où va-t-on, si les créanciers rechignent à payer leur dû ?
Tu écoutes la radio du matin Et les nouvelles ne vont pas bien. Les
banques aussitôt sorties du coma, ont sur le déficit des Etats créé un grand
branle-bas Et se sont mises comme l’usurier Shylock A provoquer de
grands entrechocs.

Tu écoutes la radio du matin Il parait que les « marchés » ont le bourdon Car
les Européens du sud auraient croqué tout le pognon. Les marchés en
perdent leur latin De voir la dolce Vita des Italiens. Quant à l’Espagne n’en
parlons même pas ! C’est certainement la faute de la sangria.
Tu écoutes la radio du matin Et les nouvelles ne vont pas bien. Il va falloir
travailler plus longtemps, Il paraît que nous vivons trop longtemps Pourtant
nous sommes bien loin de tous atteindre cent ans, Et préférerions disposer
librement de notre temps.

Tu écoutes encore la radio du matin Et les nouvelles ne vont pas bien. Un
tanker s’est échoué Laissant le pétrole s’écouler, qui sera difficilement
colmaté et tue mouettes et cormorans.

Tu n’écoutes plus la radio du matin et la télévision encore moins. Car
toutes ces nouvelles te rendaient zinzin. Tu n’es plus sûr du tout de la
vérité dans ce tam-tam sonore et tu es consterné par sa vision étriquée de
l’humain Au lieu de nous interroger sur : quels seront les métiers de nos
jeunes ? quand y aura-t-il la démocratie et des syndicats libres en Chine ?
quelle vie est faite et quelle éducation sexuelle est donnée aux femmes
d’Afrique ? et comment redonner pour le plus grand nombre au progrès un
contenu pour demain ?

P.-S.

Paul d’AUBIN – Toulouse