L’UE, la crise de l’euro et la « panique » des marchés boursiers

, par Henri Paraton

Suite à une proposition du Groupe « Construction européenne »
d’ATTAC Rhône, l’UEF Rhône-Alpes a repris avec ATTAC un
dialogue interrompu depuis la campagne du référendum de 2005
sur le Projet de Traité constitutionnel : « NON » pour ATTAC et
« OUI MAIS » pour l’UEF ; à cette occasion les deux mouvements
avaient organisé à Lyon un débat public contradictoire.

Auparavant les deux mouvements avaient collaboré dans le cadre
de l’organisation des « Rencontres pour une autre
moindialisation » tenues à Lyon durant plusieurs années à
l’occasion des Forums sociaux mondiaux. Deux rencontres ont
récemment eu lieu entre les délégations.

Ces prises de contact ont permis de noter, au-delà des
divergences, de nombreux points d’accord sur le fond de la
problématique européenne : « nécessité de dépasser les nations,
option en faveur d’une Europe fédérale, attachement à la
démocratie » comme l’a noté l’un des représentants d’ATTAC.

Il a été convenu que les deux parties pourraient s’inviter en
diverses occasions (« Université d’automne des fédéralistes de
Rhône-Alpes », pour l’UEF, « Journée de réflexion sur la crise et
l’Europe », actuellement en discussion dans ATTAC), voire,
envisager des actions communes.

L’UE, la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE)
ne se sentant pas concernés par les problèmes de financement des déficits
budgétaires de la Grèce, après beaucoup de tergiversations, ce sont les
pays membres de l’Euro groupe qui se sont décidés à faire quelque chose.
De fait l’effet domino aurait pu être catastrophique pour nombre de pays de
la zone, y compris la France, ce qui explique l’acharnement de certains à
pousser l’Allemagne à mettre la main au portefeuille.

Cette fois c’est fait ! Alors pourquoi cette « panique » boursière ?

En fait les spéculateurs (Hedge Funds, banques et fonds souverains)
pensaient bien prêter à la Grèce, mais à 10 %, avec une garantie de la zone
euro, c’est-à-dire de l’Allemagne.

Devant cette mauvaise façon que les pays de la zone euro leur a faite ils ont
décidé de se « payer sur la bête ».

Les « investisseurs financiers » ont pour habitude, compte-tenu des
sommes colossales dont ils disposent, de prendre leurs gains dès que la
Bourse a grimpé de 5, 10, voire 15 ou 20 %. De fait comme le rappellent fort
justement certains, la Bourse, en France, avait grimpé de 10 % environ au
cours des 6 derniers mois.

N’ayant rien de mieux à faire pour le moment, ils liquident leurs actions et
mettent de côté leurs capitaux dans l’attente que la Bourse ayant
suffisamment baissé, ils puissent réinvestir. Ce sont donc quelques 10 %
que, sans effort, et en six mois, les spéculateurs ont retiré de la Bourse, aux
dépens des épargnants et des vrais investisseurs ceux qui, avec leur
argent, aident les entreprises à investir pour produire des biens et des
services, l’économie réelle, par opposition à ces spéculateurs qui vivent
dans l’économie virtuelle en pillant l’économie réelle.

Et maintenant, que va-t-il se passer ?

Une partie des fonds que les spéculateurs ont retirés de la Bourse pourrait
bien se porter, provisoirement sur les emprunts que devront lancer les pays
de la zone euro pour aider la Grèce et constituer leur fameuse cagnotte de
500 milliards d’euros.

Mais il n’est pas dit que, tels des vautours, ils ne se lancent pas dans une
autre spéculation, en cherchant un autre fromage.

Que peut-on faire ?

Comme le propose ATTAC : faire payer une taxe, même minime, sur chaque
transaction financière d’un certain montant. Mais cela ne suffira pas, car
ces énormes capitaux paient peu de frais pour chaque transaction et cette
taxe les affectera à peine.

Il faut réglementer, voire supprimer ces masses énormes de capitaux qui
déstabilisent l’ensemble des économies (en tout cas du monde occidental).
Toute opération doit être payée comptant, pas de paiement à terme, sauf
pour les achats et ventes de biens réels, pour lesquels il est de règle, pour
éviter les fluctuations monétaires, de se couvrir par des achats de devises,
à terme, correspondant au montant de la transaction.

Utiliser, et cela plus spécialement en France, l’impôt sur la fortune et
l’impôt sur le revenu (ce qui implique la suppression du bouclier fiscal).
Redistribuer ces sommes à travers les systèmes de protection sociale, de
formation et d’aide au logement (par la construction de logements locatifs
et non leur vente qui freine la mobilité des travailleurs).

Car ce sont les revenus et les fortunes indécents d’une poignée de
personnes qui grâce à la protection que leur offrent certains dirigeants
politiques, avec bouclier fiscal, paradis fiscaux blancs, gris ou noirs et
autres douceurs, détruisent le tissu industriel et social de nos pays.
1987, 1994, 2002, 2007, 2010 : les crises financières se multiplient et
deviennent de plus en plus rapprochées, il est temps de réagir sur les
causes.

P.-S.

Henri PARATON
Membre du groupe de travail « construction européenne » d’ATTAC Rhône

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