Éditorial de Fédéchoses n°180
L’ architecture de ce numéro 180 est identique à celle de ceux publiés depuis que mi- 2017 la revue a pris un rythme quadrimestriel avec une pagination renforcée. Nos liens éditoriaux restent également inchangés avec The Federalist Debate et le magazine en ligne Le Taurillon mais aussi depuis 18 mois avec le Secrétariat international du WFM et sa nouvelle publication, Mondial. Nous restons par ailleurs toujours ouverts à des échanges avec l’ensemble de la presse fédéraliste, ou autonomiste, démocratique.
Au-delà, Presse Fédéraliste (la Lettre d’informations européennes mensuelle sur internet, les collections « Textes fédéralistes », « Minorités nationales », « Carnet d’Europe », « Le fédéralisme dans l’histoire de la pensée », « Cahiers de la constitution fédérale européenne » et, nouvellement, « Cahiers fédéralistes ») va poursuivre et renforcer le partenariat éditorial et financier initié il y a un peu plus d’un an avec le Workable World Trust fondé en 2014 par le professeur Joseph E. Schwartzberg à White Bear Lake (MN) afin de développer plus particulièrement nos ouvrages relatifs au fédéralisme mondial ou extra-européen.
Nous rendons hommage à Joseph « Joe » Schwartzberg dans ce numéro, suite à sa disparition le 18 septembre dernier, et nous associons à la douleur de ses proches. Nous lui rendrons sous peu un hommage plus conséquent en co-éditant, avec les UN University Press et le WWT, une version papier de son livre Transformer le système des Nations unies. Esquisses pour un monde plus fonctionnel actuellement en cours de relecture et de mise en pages.
Mais revenons à ce numéro. Il est structuré autour de deux Féd’actualité et de deux Focus, en plus du traditionnel « Billet d’humeur » d’Alain Réguillon, de notre rubrique « Il y a ‘30 ans’… ‘nous’ avons publié », de quelques articles « hors dossier » et de la bibliographie. Parmi les articles « hors dossier », signalons en particulier celui que Mme Sylvie Guillaume, parlementaire européenne dont nous souhaitons vivement la réelection en mai prochain, a bien voulu nous autoriser à publier sur le Pacte des Nations unies sur les migrations et la scandaleuse intox organisée à ce sujet par la droite nationaliste et l’extrême droite.
Le premier Féd’actualité est intitulé « Constitution de la V° République, centralisme, territoires et révolte des gilets jaunes ». Il regroupe deux articles et deux communiqués de presse de l’UEF antérieurs à ces évènements : sur la création d’un groupe « Libertés et territoires » à l’Assemblée nationale et sur le référendum sur l’indépendance en Nouvelle Calédonie. Nous souhaitons insister sur cette thématique car, si pour les réponses financières apportées à des revendications catégorielles les fédéralistes n’ont pas vocation à s’exprimer, il en est tout autrement des rapports entre les citoyen(ne)s et l’État. Dans ce domaine, qui fait partie de notre « core business », nous estimons donc avoir notre mot à dire, à savoir que le cœur du problème réside :
- dans la constitution monarchique de la V° République (aggravée, si besoin était, par une pratique « jupitérienne » du pouvoir !) que les fédéralistes n’ont cessé de condamner ;
- dans le cadre bureaucratique et centralisé de l’État français, source de mépris des territoires et de leurs habitants, de gaspillages et sur-coûts financiers tout autant que d’inefficacité et de lenteur, enfin, de déni de démocratie ;
- dans, enfin, l’inadéquation sans cesse plus évidente du cadre national aux problèmes de l’Europe et de la planète (divers articles de ce numéro revenant sur ce troisième point).
L’État-nation a fait son temps et a depuis longtemps épuisé en Europe son capital progressiste. S’arc-bouter sur ce modèle passéiste et dépassé ne peut être que réactionnaire. Et, la France, archétype de l’État-nation bureaucratique et centralisé, n’est donc plus un cadre dans lequel puissent être menées des politiques, de droite comme de gauche, efficaces, protectrices et justes. Basta !
« La solution n’est donc pas de ‘guillotiner Macron’, mais de détruire et de dépasser l’État-nation ! », en particulier pour protéger et reconsidérer les territoires, leurs habitants et leurs cultures ou modes de vie. Sur ce terrain « constitutionnel » les fédéralistes sont en butte tout à la fois aux « profiteurs de la souveraineté nationale » (dénoncés par Spinelli dès 1957) mais aussi aux « profiteurs du centralisme français » vu que, comme l’écrivait Bernard Lesfargues en 1976, « l’État français est, pour des raisons contradictoires mais en pleine cohérence tout de même, aussi peu enclin à laisser gambader les minorités nationales qu’à se faire hara-kiri sur l’autel de l’Europe » .
Aux références révolutionnaires grandiloquentes des gilets jaunes, trop souvent gangrénés par des groupuscules (néo)fascistes, nous voulons rappeler aussi ce qu’écrivait Renaud dans sa chanson « Hexagone » (1975) : « Ils font la fête au mois de juillet, en souvenir d’une Révolution, qui n’a jamais éliminé, la misère et l’exploitation, ils s’abreuvent de bals populaires, du feux d’artifice et de flonflons, ils pensent oublier dans la bierre, qu’ils sont gouvernés comme des pions »…
Mais, au seuil d’un « grand débat national », dont nous craignons qu’il n’aborde pas, ou si peu, les vrais problèmes… il n’est plus temps de galéger et il faut passer aux choses sérieuses. C’est ce que nous nous efforçons de faire et poursuivrons dans notre prochain numéro !
Le deuxième Féd’actualité ci-après n’appelle pas de commentaires particuliers, traitant des divers aspects de l’intégration européenne. En revanche, le premier des deux Focus, par contre, celui sur « la crise de la gauche en Europe et dans le monde », est fondamental et devrait se pousuivre dans nos prochains numéros, le deuxième « Intégrations régionales et coopérations interétatiques… sur la voie de la Fédération mondiale » sera également poursuivi dans nos prochaines livraisons.
Enfin, signalons, en fin de numéro, un Féd’document, la conférence de Jean-Claude Junker sur notre regretté Tommaso Padoa-Schioppa à Bruxelles le 5 juin 2018, et une importante interview du nouveau Président de l’UEF Europe, élu au Congrès de Vienne de novembre dernier, Sandro Gozi.
À toutes et tous, nous souhaitons de saines lectures et une bonne année européenne, planétaire et fédéraliste 2019… !
J.-F. B. et J.-F. R.